Les Chroniques de Poulet Pou : aspects du cinéma français, ou bien, les fantaisies capillaires de Vincent Lacoste.

1. Fumer fait tousser (Dupieux, 2022).

Bioman en vacances. Même si les références télévisuelles 80s passent un peu au-dessus de la tête de votre humble serviteur, élevé sans télé au fond d’un placard, il n’a aucune difficulté à adhérer, vu qu’il est toujours bon client du buñuelisme primitif de Quentin Dupieux. Sel de la chose, la réjouissante connerie dont le film fait preuve à chaque sketch se teinte d’une bonne dose d’angoisse existentielle. Je me demande si celle-ci n’était pas déjà présente dans Bioman, au fond — et quand bien même il n’y avait rien du tout, vous savez que l’imagination et la peur des enfants ne connaissent pas de limites, ça devait donc pouvoir s’y trouver pour qui se donne la peine de chercher. Dégoût des autres, dégoût de son propre corps, peur de la technologie, peur du père — Tiens-toi droit, on dirait une hyène, mémorable réplique de l’inénarrable Poelvoorde en génie du Mal. Sans oublier, la mère de toutes les peurs, celle de l’avenir. Changement d’époque en cours, tu parles.

2. Le Lycéen (Honoré, 2022).

Autoportrait en orphelin. Hétéro-beauf forever, par rapport à celui de l’Oizo, je ne suis pas aussi bon client du cinoche de Christophe Honoré. Plus précisément, dès que les chansons d’Alex Beaupain pointent le bout de leur nez qui coule, rien ne va plus, à tel point qu’après avoir enduré l’infernal trio Bien-aimés + Métamorphoses + Malheurs de Sophie il y a quelques années, je m’étais juré, Honoré plus jamais. OMD plutôt que Beaupain ici, donc — qu’on me pardonne l’expression qui sied mal au thème accident de la route du film — tout roule. On est dans la veine autobio-dépressivo-mélo qui faisait déjà la réussite de l’émouvant Plaire, aimer et courir vite. Je ne serais pas tout à fait honnête si je n’avouais pas que le début m’a laissé relativement froid, mais à un moment il y a toute une partie, dont je préfère ne rien trop dire pour ne pas vous gâcher le plaisir, où le côté dépressif prend nettement le dessus. C’est peut-être finalement ce qui inspire le plus Honoré — me revient à l’esprit le cafard qui envahissait soudain la légèreté de façade de Chambre 212. La coupe de Lacoste y était tout ce qu’il y a de sobre, ce me semble.