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Les Arcs Film Festival 2021 : rencontre avec l’acteur Hugo Becker

Au Service de la France, l’acteur Hugo Becker multiplie les rôles sans distinguer les formats : on le retrouve aussi bien dans les salles sombres, sur nos écrans ou sur les planches. Polyglotte, il s’est notamment fait connaître à l’international avec la série Gossip Girl dans laquelle il incarne Louis Grimaldi, prince de Monaco. De Baron Noir au Dernier Voyage du cinéaste Romain Quirot, Hugo Becker approche assurément du devant de la scène. Membre du jury court métrage lors des Arcs Film Festival édition 2021, nous avons eu le plaisir de le rencontrer pour revenir sur son expérience de juré, mais aussi sur son rapport au cinéma.


C’est votre première venue aux Arcs Film Festival ?

C’est la première fois que je viens oui, au festival comme à la station. Je suis ravi d’être ici, j’adore la montagne. Ça fait du bien, on voit les choses autrement, on prend un peu de distance.

Vous connaissiez les membres du jury ?

Je connaissais un peu Alma Jodorowsky et la cinéaste Zoé Wittock, qui a réalisé Jumbo. Je connaissais le nom et le travail des autres membres du jury. On est une belle équipe.

Qu’est que vous appréciez dans le rôle de membre de jury ?

Déjà les rencontres, très clairement. C’est très enrichissant de voir comment les gens analysent, pensent un film, ce qu’ils ressentent et finalement, découvrir leur vision artistique. Parfois on voit des choses et on se dit « je déteste », c’est un point de vue tout à fait subjectif, il y a toujours un regard opposé. Plutôt que de fermer le débat, c’est plus intéressant de comprendre. On n’est pas forcément d’accord, chacun arrive avec son bagage. on a tous nos propres vécus. Autant je peux avoir un avis tranché, ça ne m’empêche pas d’échanger ou de reconnaître les qualités d’une œuvre.

Par exemple, je ne suis pas un fan absolu de Tim Burton, pour autant, je sais pourquoi les gens adorent, il y a du génie dans son cinéma. C’est aussi l’occasion de découvrir des courts métrages que je n’aurais certainement jamais vus.

Quel type de spectateur êtes-vous ?

Je suis le genre de spectateur qui peut rester dans la salle jusqu’à la fin du générique, jusqu’à que la salle soit totalement vide. Je crois que c’est pour ça que j’ai choisi de faire ce métier, parce que je me projette dans les personnages, je peux rester dans le film pendant un certain temps. Je suis un très bon client, ça marche vraiment.

Quels sont vos derniers coups de cœur ?

J’ai adoré le dernier Joachim Trier, Julie (en 12 chapitres), je suis fan de ce réalisateur et je pense qu’il s’agit de l’un de ses meilleurs. J’apprécie pas mal le titre anglais du film, The Worst Person in the World, ça parle des points de vue. Qui est la pire personne au monde ? Le nom de son premier film, Nouvelle Donne, est également le nom de ma boîte de production. J’ai aussi bloqué sur la série Succession, je suis addict au dernier degré.

Notre critique de Julie (en 12 chapitres)

Que représente le cinéma pour vous ?

En rigolant, je disais l’autre jour que le cinéma est une application de rencontre d’émotions, de sentiments et de réflexions. C’est la plus jolie, ça permet de réunir des gens qui ne se connaissent pas forcément et d’avoir un point commun. Ça nous donne une identité commune, via un bagage culturel. Ça permet aussi de mobiliser les gens et de les sensibiliser à des questions, existentielle ou de société, ou simplement de partager des émotions. C’est un art qui fédère sans tenir compte des distances. Je trouve ça génial.

Vous défendez les salles de cinéma, l’expérience collective ?

Totalement et en même temps, je suis coupable comme tout le monde. J’ai un vidéoprojecteur, je regarde beaucoup de trucs chez moi. La technologie s’améliore, les écrans s’agrandissent, ça pose forcément une question, surtout en prenant en considération le prix des entrées aujourd’hui. On peut se dire, est-ce qu’il est pas plus intéressant d’attendre quelques mois et de regarder le film chez soi. Je pense malgré tout que la salle est importante, pour s’immerger dans les œuvres, rassembler, partager des émotions ensemble.

Du court au long, Le dernier Voyage de Romain Quirot a de nouveau démontré la possibilité d’un cinéma de genre en France. Vous êtes sensible à ce courant ?

C’est un vrai combat. Ce cinéma a du sens dans la mesure où ce sont des films qu’il faut aller voir dans les salles. Esthétiquement, ils donnent envie de se déplacer et d’aller au cinéma. Il est fabriqué pour. Les « films du milieu », comme on dit, sont un peu en danger, même si j’espère que ça va perdurer. Je trouve ça intéressant de pousser et d’aider les cinéastes comme Romain Quirot. On s’est battu pour monter ce film, ça a pris plusieurs années, un peu envers et contre tous.

Le Dernier Voyage a très bien fonctionné, il a remporté le Méliès du meilleur film, c’était fou pour nous. On a besoin des futurs Jean-Pierre Jeunet, Luc Besson. Je suis 100% pour ce genre de cinéma, d’autant plus que l’on peut faire quelque chose qui se démarque du cinéma américain. Il peut y avoir une poésie, comme dans le film de Romain, ou une vision différente.

Pour finir, un mot sur vos projets ?

Il y a des choses qui vont sortir, Pilote de Paul Doucet, où je joue un pilote de drones. J’ai rencontré des membres du GIGN, c’était fou et très immersif. Il y a aussi Tempête, avec Mélanie Laurent et Pio Marmaï, adapté du roman. Et enfin Diane de Poitiers, où j’incarne Henri II. J’ai passé un mois à faire du cheval et de l’escrime, c’était absolument génial. Le casting est incroyable : Isabelle Adjani, Olivier Gourmet, Gérard Depardieu et bien d’autres.

Entretien réalisé en décembre 2021 par la rédaction dans le cadre de Les Arcs Film Festival