Festival International de Films de Femmes de Créteil 2023 : entre portrait d’écrivaine et corps féminin

Ce jeudi 30 mars 2023, le cinéma La Lucarne de Créteil projetait le film Les Années Super 8, d’Annie Ernaux et son fils David, dans lequel l’écrivaine lauréate de nombreux prix littéraires pose sa voix sur des images provenant de films de famille tournés dans les années 1970 et 1980. Durant une heure, l’auteure magnifie avec les mots tous ces moments immortalisés sur bobine. Les phrases bien choisies et les belles tournures accompagnent durant une heure ces quelques souvenirs d’un temps lointain. Avec une grande simplicité et une amertume palpable, Annie Ernaux plonge dans sa mémoire, sa nostalgie, raconte des bribes de vie, la joie de la maternité, les inquiétudes d’une femme souffrant de dissensions au sein de son couple. Ce petit film dévoile sa personnalité, son existence simple, ses origines modestes, son parcours, également ce qui a influencé son style littéraire. Les Années Super 8, avec un grain propre aux caméras de l’époque, décrit la naissance d’une professeure de lettres devenant une romancière à succès, puisant son inspiration dans sa vie personnelle. Cette œuvre cinématographique n’est pas seulement un documentaire sur une femme et une écrivaine prometteuse, c’est aussi le symbole d’un monde qui change, bouleversé par les crises politiques, l’industrialisation et l’urbanisation. À travers ces archives familiales, Annie et David Ernaux-Briot exposent une société en pleine mutation, avec l’apparition de vastes paysages urbains. D’Annecy à Cergy-Pontoise, nous découvrons une mère aimante, amoureuse de la campagne apaisante, adorant les choses simples. Les Années Super 8 livre le portrait touchant d’une femme qui décrit son passé, ses fiertés, ses malheurs, en rendant aussi un hommage aux personnes décédées, ressuscitées par le biais de ces images semblant figées dans le temps.

Ensuite, Le Corps des femmes, de Amalia Escriva, documentaire sur les consultations gynécologiques, montre le travail de Cécile Plard-Dugas, praticienne exerçant au Mans. La documentariste met en lumière une pratique professionnelle sérieuse, respectant la déontologie de ce métier et surtout les nombreuses patientes défilant chaque jour dans ce bureau où la caméra se pose pour filmer les regards de toutes ces femmes. Celles-ci se livrent, sans doute intimidées par la présence de l’objectif. Nous apprenons ainsi tout sur la fonction de gynécologue, en révisant aussi cette partie de l’anatomie féminine, ainsi que l’importance de l’aspect psychologique dans ce métier. Les rendez-vous se succèdent, avec toujours le sujet de la contraception, dont les progrès ont fait avancer considérablement la question du corps de la femme. De la pilule au stérilet, tous les moyens existants sont présentés. Ce documentaire démontre les avancées dans ce domaine de la gynécologie, où les femmes possèdent le choix d’éviter une grossesse, bien loin d’une époque où ces solutions étaient inexistantes. Félicitons toutes ces patientes pour leur courage, dans un exercice peu évident où elles décrivent leur intimité.