Eric marque le retour de l’acteur britannique Benedict Cumberbatch sur le petit écran sept ans après la fin de Sherlock, qui l’a révélé au grand public. L’acteur qui incarne le Docteur Strange chez Marvel tient le rôle principal de cette mini-série créée par la scénariste Abi Morgan (Shame, La Dame de fer). Rappelant le Birdman d’Alejandro González Iñárritu, ce thriller onirique estampillé Netflix, questionne avec beaucoup de sensibilité les rapports père-fils.
Cumberbatch interprète Vincent Anderson, co-créateur d’une émission de marionnettes pour enfants, qui doit faire face à la disparition soudaine de son fils Edgar (Ivan Morris Howe), âgé de neuf ans. En proie à de sérieux problèmes d’addiction, le père de famille s’éloigne progressivement de sa femme Cassie (Gaby Hoffmann) et de la police, représentée par l’inspecteur Michael Ledroit (McKinley Belcher III), pour suivre sa propre piste. Il va fabriquer une marionnette imaginée par son fils – le fameux Eric qui donne son titre à la série – pour tenter de le ramener à la maison.
Incarnation physique des démons intérieurs du père, la marionnette Eric devient le visage du monstre qui sommeille en chacun de nous.
L’histoire se déroule dans le New York des années 80 gangréné par la corruption, le racisme et l’homophobie. Une toile de fond riche qui permet à la série d’aborder un certain nombre de sujets sociétaux en marge de l’enquête. Abi Morgan nous dépeint une ville poisseuse dirigée par des policiers ripoux et des hommes politiques tout puissants. Au travers du personnage de l’inspecteur Ledroit, noir et gay, magnifiquement interprété par un McKinley Belcher III tout en retenue, Eric dénonce le racisme et l’homophobie décomplexés de cette époque. La créatrice dit ne pas s’être inspirée pour sa série d’un fait divers en particulier mais d’un contexte historique plus large.
L’autre partie du scénario double imaginé par Morgan suit la trajectoire chaotique de Vincent qui bascule peu à peu dans la folie suite à la disparition d’Edgar. Il part à sa recherche accompagné d’Eric, un gros monstre bleu tout droit sorti des dessins de son fils et qui prend vie dans son esprit torturé. Incarnation physique des démons intérieurs du père, la marionnette Eric devient le visage du monstre qui sommeille en chacun de nous. Une part d’ombre qui fait suite à des abus subis dans l’enfance – les railleries incessantes de son propre père, un riche homme d’affaires égocentrique – et dont Vincent doit absolument se débarrasser s’il veut avoir une chance de retrouver son fils.
Abi Morgan passe avec aisance de la grande histoire à la petite dans ce récit en miroir où l’effondrement sociétal de la Grosse Pomme des années 80 répond à l’implosion d’une cellule familiale bancale. Eric est un drame psychologique inégal qui se perd parfois dans ses nombreuses digressions mais qui explore le fragile lien père-fils avec une humanité désarmante. La mini-série brille par sa réalisation parfaitement maîtrisée (Lucy Forbes, réalisatrice sur la série The End Of The F***ing World) et son casting sans faute.
CRÉATRICE : Abi Morgan NATIONALITÉ : Britannique, Américaine GENRE : Drame psychologique, Thriller AVEC : Benedict Cumberbatch, McKinley Belcher III, Gaby Hoffmann, Ivan Morris Howe, Dan Fogler, Bamar Kane, Roberta Colindrez, Wade Allain-Marcus et Jeff Hephner DURÉE : 6x 52-55mn DIFFUSEUR : Netflix SORTIE LE 30 mai 2024