Cannes 2025 : une sélection de la Quinzaine des Cinéastes éclectique et toujours imprévisible

Rivale historique de la Sélection Officielle, née sous les auspices de mai 1968, a priori révolutionnaire et contestataire, la Quinzaine des Cinéastes a emprunté sous l’impulsion de Julien Rejl, encore davantage des chemins de traverse, jadis inaugurés par Edouard Waintrop, en proposant un cinéma volontairement différent, loin des tentations parfois mortifères de la compétition, et marqué du primat de la mise en scène, sans négliger le plaisir immédiat de la projection.

Il ne s’agit donc pas de proposer des films équivalents à ceux de la compétition, mais de proposer une vision de cinéma qui ne s’interdit rien, aucun genre ni la moindre transgression, avec pour seule ligne directrice le plaisir de la mise en scène, au-delà de la prééminence du sujet et du contexte de l’actualité politique et sociale, qui sont la plupart du temps déterminants en Sélection Officielle. Cette vision iconoclaste et complétement indépendante se trouve représentée par l’affiche follement libre et débridée, signée Harmony Korine.

Certes, certains films figurant dans la sélection de la Quinzaine des Cinéastes auraient très bien pu faire les beaux jours de la Sélection Officielle : Enzo de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo, Miroirs n° 3 de Christian Petzold et surtout Yes de Nadav Lapid, pressenti pour la compétition de la Sélection Officielle et qui atterrit finalement à la Quinzaine, dérogeant ainsi à la règle tacite que la Quinzaine ne soit pas une session de rattrapage de la compétition. On imagine que le contenu a priori provocateur et scandaleux du film de Lapid (des artistes israéliens se prostituant après le 7 octobre) se trouve davantage à sa place dans la sélection plus frondeuse de la Quinzaine.

Pour le reste, les films français ou asiatiques qui paraissaient manquer en compétition, se retrouvent en nombre ici : pour les Asiatiques, Brand new landscape de Yuiga Danzuka, Girl on edge de Jinghao Zhou et Kokuho de Lee Sang-il ; pour les Français ou francophones (belges ou canadiens), naviguant entre comédie, drame, animation, thriller et horreur, en plus du Cantet-Campillo, Amour apocalypse d’Anne Emond, Classe moyenne d’Antony Cordier, La Danse des renards de Valéry Carnoy, Les Filles désir de Princia Car, Indomptables de Thomas Ngijol, L’Engloutie de Louise Hémon, La Mort n’existe pas, de Félix Dufour-Laperrière et Que ma volonté soit faite de Julia Kowalski. On retrouvera donc pour présenter ces oeuvres, Laurent Lafitte, Elodie Bouchez, Laure Calamy, Samuel Kircher, Galatéa Beluggi, Roxane Mesquida, etc.

L’approche par le fantastique via Que ma volonté soit faite se confirmera par la projection d’un authentique film d’épouvante et d’horreur, Dangerous animals de Sean Byrne, ce qui promet une belle soirée de frissons et d’électrochocs en perspective, et montre, si on en doutait encore, que la Quinzaine ne craint absolument rien. A chaque sélection, son comique, Pierre Richard sera célébré par la Sélection Officielle ; la Quinzaine a pour sa part choisi de rendre hommage à Alain Chabat. Une différence d’humour et de génération qui montre les perceptions différentes existant dans chaque équipe de sélection. Pour finir, signalons que le Carrosse d’or récompensera cette année Todd Haynes; un créateur passionnant, qui avait été accueilli en Sélection Officielle deux ans auparavant avec May December.

LONGS MÉTRAGES

ENZO de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo – film d’ouverture

AMOUR APOCALYPSE (Peak Everything) de Anne Émond

BRAND NEW LANDSCAPE (見はらし世代) de Yuiga Danzuka – premier long métrage

CLASSE MOYENNE (The Party’s Over!) de Antony Cordier

DANGEROUS ANIMALS de Sean Byrne

LA DANSE DES RENARDS (Wild Foxes) de Valéry Carnoy – premier long métrage

L’ENGLOUTIE (The Girl in the Snow) de Louise Hémon – premier long métrage

LES FILLES DÉSIR (The Girls We Want) de Prïncia Car – premier long métrage

GIRL ON EDGE (Hua yang shao nv sha ren shi jian) de Jinghao Zhou – premier long métrage

INDOMPTABLES de Thomas Ngijol

KOKUHO de Lee Sang-il

LUCKY LU de Lloyd Lee Choi – premier long métrage

MILITANTROPOS de Yelizaveta Smith, Alina Gorlova & Simon Mozgovyi

MIROIRS No. 3 (Mirrors No. 3 ) de Christian Petzold

LA MORT N’EXISTE PAS (Death Does Not Exist) de Félix Dufour-Laperrière

THE PRESIDENT’S CAKE (Mamlaket al-Qasab) de Hasan Hadi – premier long métrage

QUE MA VOLONTÉ SOIT FAITE (Her Will Be Done) de Julia Kowalski

YES de Nadav Lapid 

SORRY, BABY de Eva Victor – premier long métrage – film de clôture