Amour Apocalypse est une comédie romantique canadienne écrite et réalisée par Anne Émond (Nuit #1, 2011 ; Les êtres chers, 2015 ; Nelly, 2016). Le film a été présenté cette année à la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes.
Le récit suit la morne quotidienneté d’Adam, la cinquantaine, propriétaire d’un chenil à Montréal, qui souffre de dépression et d’« éco-anxiété » — une détresse émotionnelle liée au changement climatique et aux enjeux environnementaux. En quête de remède, Adam tente divers outils, médicaments et activités, jusqu’à ce que l’un d’eux — une boîte de luminothérapie — l’amène à rencontrer Tina, une représentante de produits travaillant dans un centre d’appels. Envoûté par la voix de Tina, entendue dans la période la plus solitaire de sa vie, Adam part à sa rencontre alors que des cataclysmes environnementaux se déchaînent. Il tombe inévitablement amoureux, malgré le fait que Tina ait un mari et deux filles.
Les réactions des personnages aux enjeux écologiques demeurent plus personnelles que politiques, mais elles s’appuient sur des traumatismes individuels si peu expliqués et si étrangement manifestés que, si quelque chose de romanesque reste crédible à la fin du film, la scène finale se charge de le balayer.
La boîte de luminothérapie, en forme de triangle, annonce la dynamique des péripéties amoureuses qui suivront. En ce sens, le film s’inscrit dans la tendance omniprésente du triangle amoureux au cinéma en 2025 — de Materialists de Celine Song à… presque un film sur deux sorti cette année. Cependant, ce qui distingue Amour Apocalypse, c’est le sentiment lancinant et omniprésent de satire. Les réactions des personnages aux enjeux écologiques demeurent plus personnelles que politiques, mais elles s’appuient sur des traumatismes individuels si peu expliqués et si étrangement manifestés que, si quelque chose de romanesque reste crédible à la fin du film, la scène finale se charge de le balayer. Située dans un paysage idyllique, presque paradisiaque — un Éden après la catastrophe naturelle — elle est troublante par sa proximité avec les enfants mineurs. Le véritable problème réside alors dans le déséquilibre constant entre le comique et le dramatique, entre ce qui mérite d’être interrogé et ce qu’il faudrait souligner.
En effet, ce flou générique efface une direction artistique pourtant généreuse, un casting bien choisi et des visuels globalement plaisants — des détails de la vie quotidienne canadienne aux catastrophes naturelles qui se déploient. Plus franchement, la satire de la situation aurait pu être le principal atout du film, une manière rafraîchissante de traiter les éternels récits de triangle amoureux au cinéma. Mais Amour Apocalypse suggère la satire de façon si discrète, parfois même si étrangement sombre, que la frontière entre sérieux et burlesque scintille sans jamais offrir la certitude de ce qu’il faut ressentir ou attendre — ce pour quoi les films de ce genre sont habituellement célébrés.
En fin de compte, Amour Apocalypse propose une représentation étonnamment étrange du triangle amoureux — absurde, écologique, mais magnifiquement filmée et rythmée d’un bout à l’autre. Et même si le film n’offre presque aucun des plaisirs que l’on pourrait attendre d’une comédie dramatique, il laisse assurément au spectateur de quoi discuter, spéculer ou rester perplexe.
RÉALISATEUR : Anne Émond
NATIONALITÉ : Canada
GENRE : Comédie, Romance
AVEC : Patrick Hivon, Piper Perabo, Connor Jessup
DURÉE : 1h 40min
DISTRIBUTEUR : L'Atelier Distribution
SORTIE LE 21 janvier 2026


