Amnesty Film Festival 2024 : pour un cinéma humain et engagé

L’édition de l’Amnesty Film Festival 2024, qui se tient au cinéma Luminor à Paris du 2 au 4 février 2024, donne une place importante au cinéma politique, engagé et humanitaire. Organisé par Amnesty International, le festival s’est ouvert vendredi dernier avec la projection de Green Border, d’Agnieszka Holland, puis déroule une programmation intéressante.

Ce samedi 3 février 2024, deux films nécessaires étaient projetés. Les spectateurs ont pu découvrir Avant que les flammes ne s’éteignent, de Mehdi Fikri, qui fut largement torpillé à sa sortie par les mouvances d’extrême-droite, essuyant un flot de commentaires négatifs ayant sans doute contribué au résultat catastrophique du film qui n’est resté qu’une seule semaine à l’affiche. Pourtant, il ne s’agit pas d’un brûlot anti-police, mais plutôt de l’histoire d’une famille brisée par le deuil. Mehdi Fikri ne signe pas un film à charge, mais raconte la difficulté d’être une personne maghrébine ou africaine dans une société française au racisme endémique. Porté par une Camelia Jordana épatante, ce long-métrage ne dénigre pas la police, mais relate un état de fait existant. Le contenu du film ne justifie en rien la campagne de dénigrement orchestrée par certains et a été injustement vilipendé. Le festival permet de donner une exposition plus positive du travail de Mehdi Fikri, dont il s’agit de la première réalisation.

Table ronde autour du film de Mehdi Fikri, Crédit photo= Sylvain JAUFRY

La projection a été suivie d’une table ronde autour du film, avec ceux qui ont participé à l’exploitation. Cette rencontre a permis de mieux analyser la débâcle, commentant les nombreux commentaires assassins déposés sur Allociné avant même la sortie. Il a été question de la difficulté de réaliser des films sur ce sujet et les intervenants ont apporté quelques éléments de contextualisation.

Ensuite, et pour rester sur des thèmes d’actualité récents, Pierre, feuille, pistolet, de Maciek Hamela et présenté au Festival de Cannes 2023, est un excellent documentaire sur la guerre en Ukraine et l’évacuation des civils ukrainiens. À la manière du Taxi Téhéran de Jafar Panahi, Maciek Hamela filme à l’intérieur de sa voiture, qu’il conduit, ces passagers qu’il transporte vers d’autres lieux. Ceux-ci témoignent devant la caméra de ce conflit qui les oblige à s’exiler. Ils racontent leur vécu, laissant entrevoir des émotions qui traduisent les craintes.