La Venue de l’avenir : la Belle Époque de Cédric Klapisch

Cinéaste de la jeunesse s’il en est, Cédric Klapisch peut se targuer d’avoir exploré toutes les facettes d’un âge où tout semble possible. Que ce soit les lycéens goguenards et rock ‘n’ roll des années 1970 dans Le Péril jeune, les étudiants insouciants du début des années 2000 dans L’Auberge espagnole ou la jeunesse européenne engagée d’aujourd’hui dans Salade grecque, l’oeil de Klapisch continue de saisir toutes les subtilités d’une génération, peu importe les époques. Avec La Venue de l’avenir, le cinéaste de 63 ans continue son exploration de l’âge tendre en superposant deux périodes, le Paris de la Belle Époque et le monde d’aujourd’hui, pour un résultat inégal, qui flirte avec le cliché sans manquer de charme et de poésie, tout en étant porté par de jeunes acteurs talentueux. Présenté Hors compétition à Cannes, le long métrage est le premier du réalisateur à faire partie de la Sélection officielle du Festival, une étape symbolique pour un film et une cinématographie qui cherche à rester dans l’air du temps. 

2025. Une trentaine de personnes issues d’une même famille apprennent qu’elles vont recevoir en héritage une maison abandonnée depuis des années. Ces lointains « cousins » vont alors découvrir des trésors cachés dans cette vieille maison et se retrouver sur les traces d’une mystérieuse Adèle (Suzanne Lindon) qui a quitté sa Normandie natale, à 20 ans, à la fin du XIXe siècle. Cette ancêtre commune se retrouve à Paris en 1895, au moment où la ville est en pleine révolution industrielle et culturelle.

Que ce soit avec des voyageurs normands apercevant la Tour Eiffel récemment construite pour la première fois en 1895 ou bien une personne âgée ne sachant pas retirer un filtre chat lors d’un appel en visio en 2025, Cédric Klapisch fait parfois preuve de facilité pour étoffer visuellement son histoire.

Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Julia Piaton, Paul Kircher ou encore Vassili Schneider : Cédric Klapisch renouvelle son effectif de jeunes acteurs avec des figures déjà bien établies sur la scène cinématographique française. En plus d’apporter de la fraîcheur et de la spontanéité à un récit dense s’étendant sur deux époques, ces nouvelles têtes s’inscrivent dans une tradition klapischienne de tremplin pour les futurs grands noms du cinéma français, comme le furent avant eux Romain Duris, Cécile de France, Vincent Elbaz, François Civil ou encore Pio Marmaï. L’aura incandescente de cette jeunesse est toutefois rattrapée – voire parfois éclipsée – à l’écran par un Vincent Macaigne en grande forme, campant un apiculteur idéaliste et décalé dans un monde trop uniforme à son goût. 

Cette société creuse et superficielle, à l’image de la petite amie influenceuse de Seb (Abraham Wapler), est constamment mise en opposition avec un certain sens du cliché tout au long du récit, comme une tentative de faire surgir l’inattendu, presque le merveilleux là où on ne l’attendait pas. Que ce soit avec des voyageurs normands apercevant la Tour Eiffel récemment construite pour la première fois en 1895 ou bien une personne âgée ne sachant pas retirer un filtre chat lors d’un appel en visio en 2025, Cédric Klapisch fait parfois preuve de facilité pour étoffer visuellement son histoire. Cela se retrouve aussi dans la narration, où les personnages rencontrent les plus grandes célébrités de la Belle Époque (Sarah Bernhardt, Nadar, Victor Hugo) sans que cela n’ait réellement d’incidence, ce qui amoindrit l’aura autour du personnage de Claude Monet, véritable pierre angulaire du récit. 

En cherchant à proposer à la fois un récit initiatique, une quête des origines et une sorte de fresque familiale sur plusieurs époques, La Venue de l’avenue prend la forme d’un film dense et inégal, qui ne manque pourtant pas de bons moments. Cédric Klapisch parvient toujours à créer la surprise dans sa manière décousue de raconter les histoires, puis dans sa capacité à donner un élan poétique aux situations concrètes de la vie, ne serait-ce que le temps d’une scène, quand bien même celle-ci arrive au bout d’une heure de film. Loin d’être au niveau de ses plus grands classiques mais sans être pour autant déplaisant, ce nouveau long métrage permet une nouvelle fois au cinéaste de montrer son éternel talent à capturer la fougue d’une jeunesse, fût-elle d’hier ou de demain.

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RÉALISATEUR : Cédric Klapisch
NATIONALITÉ : France
GENRE : Comédie dramatique
AVEC : Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Paul Kircher, Vassili Schneider et Sara Giraudeau 
DURÉE : 2h06
DISTRIBUTEUR : StudioCanal
SORTIE LE 22 mai 2025