Love me tender: jusqu’à l’abandon

Love me tender est le second long métrage réalisé par Anna Cazenave Cambet, une adaptation du livre éponyme de Constance Debré. Sa première mondiale a eu lieu au Festival de Cannes 2025, dans la section Un Certain Regard.

Le film raconte l’histoire d’un couple divorcé qui partage la garde de leur fils unique, Paul, une semaine sur deux. Cependant, la situation change radicalement lorsque Clémence révèle à son ex-mari Laurent qu’elle a commencé à sortir avec des femmes. Le mari, pris d’une colère inattendue, enlève Paul à Clémence et elle perd tout contact avec son fils. S’ensuit alors un procès, et le reste du film tourne autour de l’inévitable et agaçante bureaucratie française, du système judiciaire hypocrite, des nouveaux rendez-vous de Clémence, de son entraînement assidu à la natation et de l’écriture de son livre — tous ces éléments formant un schéma singulier de son parcours émotionnel après la perte de son fils.

Toutefois, alors que l’histoire d’Anatomie tend vers la parabole, Love me tender est volontairement et ouvertement banal, personnel et, de ce fait, propose une issue différente, mais qui paraît si nouvelle et proportionnée aux souffrances de la personne ordinaire qu’elle en devient difficilement rebutante.

L’histoire du film rappelle en quelque sorte Anatomie d’une chute, également présenté en avant-première à Cannes en 2023. Elle lui ressemble par la manière dont l’incapacité du mari à supporter la réussite de sa femme (ou ex-femme) dans la vie conduit à une tentative de saboter celle-ci. Toutefois, alors que l’histoire d’Anatomie tend vers la parabole, Love me tender est volontairement et ouvertement banal, personnel et, de ce fait, propose une issue différente, mais qui paraît si nouvelle et proportionnée aux souffrances de la personne ordinaire qu’elle en devient difficilement rebutante. Le retournement final, aussi inattendu soit-il, semble profondément réel et d’une tristesse éclairante.

Cependant, bien que le pouvoir d’attraction de l’histoire croisse au fil du film, Love me tender semble parfois long, comme s’il avait trop à montrer. Peut-être est-ce là la bonne méthode pour raconter la longue série d’efforts de l’héroïne pour reprendre sa vie en main, mais du point de vue du spectateur, le film manque parfois de cohérence et de rythme pour en faire une œuvre véritablement homogène.

En conséquence, Love me tender est un joyau caché de la sélection du festival, car il offre une lutte personnelle scrupuleusement reconstruite qui, avec justesse, se révèle être un message authentique sur une réalité dure, livré avec grâce dans le langage du cinéma.

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RÉALISATEUR : Anna Cazenave Cambet
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Drame
AVEC : Vicky Krieps, Antoine Reinartz, Monia Chokri
DURÉE : 2h 17min
DISTRIBUTEUR : Tandem
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