Une histoire à soi

Une histoire à soi : parole d’adoptés

Pour savoir où l’on va il faut savoir d’où l’on vient” dit le proverbe. Dans le cas des adoptions, l’accès aux origines peut avoir des apparences de chemin de croix. Pourtant, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une quête identitaire, un besoin essentiel de renouer avec le récit d’une vie. Bien que déraciné, l’enfant adopté a un passé qui lui appartient. Avec Une histoire à soi, la cinéaste Amandine Gay donne pleinement la parole à plusieurs adoptés et apporte une nouvelle lumière sur les adoptions internationales.

Ils s’appellent Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira, Mathieu. Ils ne se connaissent pas, mais partagent un point commun : enfants, ils ont été adoptés. Originaires du Sri Lanka, du Brésil, de Corée du Sud, d’Australie ou encore du Rwanda, ils ont grandi dans des familles françaises. Aujourd’hui, ils ont entre 25 et 52 ans et ont tous vécu différemment l’expérience de l’adoption internationale. Ils racontent avec sincérité leurs histoires, entre bonheur et peine.

C’est un travail de mémoire auquel se sont prêtés les cinq protagonistes du documentaire d’Amandine Gay. Un bond dans le passé, dans des souvenirs empreints d’émotion. De la fracture originelle à aujourd’hui, on découvre des tranches de vie. Au fur et à mesure des récits, les visages changent, l’enfance laisse place à l’adolescence, les perceptions évoluent. Alors que les esprits s’éveillent, tout se complexifie : les crises identitaires déstabilisent les rapports. Chacun vit différemment cette heure de transition, où la réalité génétique questionne la réalité adoptive. Les caractéristiques physiques ramènent toujours à la question des origines. La bienveillance de la sphère familiale ne peut rien contre les préjugés et les stéréotypes venus de l’extérieur.

Pour se construire, ils ressentent le besoin de lever le voile sur leurs histoires. Face à une administration peu encline à la transparence et des parents retissant à l’idée de retrouvailles, l’opacité rend compte de la gène qui entoure parfois le sujet. Lorsque la démarche aboutie, le résultat peut s’avérer surprenant. Du fantasme à la réalité, il y a un parfois un monde. Dans tous les cas, tout reste à faire : la filiation de sang ne constitue qu’un lien génétique et l’adoption un lien juridique. Le véritable enjeu, c’est celui de la rencontre avec l’enfant : une chance réciproque.

Savant mélange de récits de vie, Une histoire à soi milite pour une meilleure reconnaissance de l’enfant comme individu singulier. Au travers d’images d’archives, on découvre une autre facette de l’adoption, du point de vue des adoptés. Une prise de parole salutaire pour engager un véritable débat autour de l’adoption internationale.

3.5

RÉALISATEUR : Amandine Gay
NATIONALITÉ : Français
GENRE : Documentaire
DURÉE : 1h40
DISTRIBUTEUR : Les films du Losange
SORTIE LE 23 Juin 2021