Après une année de hiatus en raison de la pandémie et en parallèle de l’intensification des revendications écologistes dans le monde entier, le Festival de Cannes a pris cette année le parti de revoir son organisation et de viser à l’organisation d’un festival plus éco-responsable. Entre autres dispositions techniques, les organisateurs du festival ont pris l’initiative de lancer une nouvelle sélection éphémère : intitulée Le cinéma pour le climat, la sélection, comportant sept films, aura pour ambition d’inviter à la remise en question et de proposer des films sensibilisant à l’urgence climatique.
Comportant six documentaires et une fiction, cette sélection invitera des réalisateurs et réalisatrices déjà connus pour leurs engagements politiques et écologiques : Cyril Dion, co-réalisateur avec Mélanie Laurent du documentaire Demain, proposera ainsi dans Animal de suivre la trajectoire de deux jeunes adolescents s’engageant pour la préservation de la biodiversité. De son côté, l’actrice Aïssa Maïga brossera dans Marcher sur l’eau le portrait d’une petite fille dans un village nigérien, dont les périples pour avoir accès à de l’eau compromettent son accès à l’éducation. Toujours dans le cinéma français, Flore Vasseur suit dans Bigger Than Us, un film coproduit par Marion Cotillard, le combat d’une jeune indonésienne contre la pollution plastique dans son pays ; Louis Garrel, lui, réalise avec La Croisade la seule fiction de cette sélection, imaginant un monde dans lequel les jeunes générations prendraient le pouvoir pour défendre la planète. Moins directement lié aux questions climatiques, Marie Amiguet fera dans La Panthère des neiges le compte rendu d’une expédition sur les hauts plateaux tibétains à la recherche de clichés d’une élusive panthère des neiges, tandis que, dans une coproduction franco-chinoise, Zhao Liang proposera avec I Am So Sorry une réflexion sur les risques associés au nucléaire à travers le monde. Enfin, dans le seul documentaire non français de cette sélection, Rahul Jain plongera sa caméra dans les rues de New Delhi avec Invisible Demons, un documentaire sur la pollution aux particules fines. Une sélection sommes toutes assez consensuelle, qui devrait tout de moins permettre d’inviter les professionnels de l’industrie à la réflexion et au débat.
La constitution de cette sélection vient compléter les différentes résolutions prises par le festival pour l’organisation de cette première édition du « monde d’après ». En avril, les organisateurs du festival dévoilaient l’essentiel des mesures adoptées en vue de l’organisation d’un Festival de Cannes plus éco-responsable. Parmi les mesures les plus importantes, on peut citer notamment le paiement d’une taxe de contribution environnementale pour chaque festivalier afin de compenser les émissions de carbone produites dans le cadre des déplacements particuliers occasionnés par le festival, ou encore la mise à disposition de voitures officielles hybrides ou électriques pour assurer les déplacements des professionnels en compétition. Avec ces résolutions, les organisateurs du festival entendent lancer une politique de long terme de réduction des émissions de carbone et de production de déchets ; à voir si ces résolutions satisferont les activistes et les acteurs du festival. La sélection Le cinéma pour le climat sera projetée, quant à elle, en parallèle de la sélection officielle, entre l’ouverture du festival le 6 juillet et sa cérémonie de clôture le 17 juillet.