Sorti en salle le 7 décembre 2022 et disponible en DVD le 5 avril 2023, Nos frangins, de Rachid Bouchareb, revient sur la tristement célèbre affaire Malik Oussekine, jeune homme mort durant la manifestation contre la loi Devaquet, tué par des membres de la police dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, puis sur la mort d’Abdel Benyahia, assassiné par un policier alcoolisé dans un bar de Pantin. Le cinéaste donne son point de vue sur ces faits, non directement liés, mais incriminant la police dans les deux cas. À l’aide de quelques images d’archives, Nos frangins retrace ces événements avec une singularité tragique, mettant en images le désarroi des proches de ces deux victimes. Reda Kateb et Lyna Khoudri incarnent respectivement le frère et la sœur de Malik Oussekine, envahis par une profonde tristesse mélangée à une grande incompréhension. Samir Guesmi joue un père dévasté par la douleur morale. Ce film raconte les trajectoires brisées de familles endeuillées durant cette même nuit, à deux endroits différents. En livrant un témoignage puissant sur ces tragédies et en décrivant le contexte politique instable, Nos frangins dresse un constat, celui des violences policières, de la forme d’impunité existant jusqu’au sommet de l’État, et également celui du spectre du racisme. Sans réaliser un film pleinement à charge, Rachid Bouchareb pointe du doigt un système policier et judiciaire à sens unique, cherchant à étouffer ces affaires. Raphaël Personnaz joue un rôle d’inspecteur purement fictif s’apercevant de ces bavures, ces injustices présentes même jusqu’à l’énoncé du verdict. Les archives contenues dans ce film sont criantes de vérité, à l’heure où la brigade moderne des Voltigeurs réapparait. Jouant une fonction informative, elles sont aussi incluses pour que les jeunes générations puissent voir et constater. En situant le récit dans une courte période (trois jours), le metteur en scène filme les débuts d’une enquête qui va rester dans les annales, trouvant une résonance dans certains faits actuels. Passé sous silence, le meurtre d’Abdel Benyahia refait surface. L’assassinat de Malik Oussekine reste à jamais gravé dans les mémoires. La série Oussekine, diffusée sur Disney +, permet de remettre en lumière la mort du jeune étudiant.
Dans les compléments, vous retrouverez des entretiens avec Rachid Bouchareb et ses interprètes, revenant sur la préparation du film, précise et documentée. À partir d’une information l’ayant marqué à l’époque, le cinéaste détaille ses intentions, en restant fidèle à son style, celui de raconter une période de l’histoire. De l’écriture au choix des acteurs, vous découvrirez la genèse de ce long-métrage, construit à partir d’images d’archives soigneusement choisies, puis l’implication de tous les membres de la distribution, tous se souvenant avec émotion de ces affaires suivies dans les médias et dont l’impact se ressent encore aujourd’hui, surtout dans les mémoires des proches encore vivants. Ce que contiennent ces compléments révèlent un malaise profond, celui d’une justice défaillante, faisant de Malik Oussekine et Abdel Benyahia des symboles des violences policières.