In memoriam.
Je ne peux hélas pas vous faire le même numéro que pour Cronenberg et Fritz Lang, étant donné que je crois n’avoir vu que quatre films du plus cool des polytechniciens, à égalité avec Jancovici et mon propre géniteur — je veux parler du regretté Paul Vecchiali, décédé hier au bel âge de 92 ans, après avoir réalisé, depuis le début des années 60, entre deux (nineties) et huit (tens) longs métrages par décennie. Sans parler des courts, ni des téléfilms. Il ne faisait pas partie de mes amis Facebook, mais à travers les publications d’éminents contacts qui avaient cette chance, j’ai pu lire ici même certaines de ses observations, toujours marquantes. Condoléances et pensées à tous ceux qui l’aimaient.
Déception, je ne retrouve que deux blablas, rien sur son film qui m’avait fait la plus forte impression, le dénommé Nuits blanches sur la jetée (2014, adapté d’une nouvelle de Dostoïevski).
1. Corps à cœur (1979).
Maladie d’amour, au Kremlin-Bicêtre — apparition normo-hitchcockienne du réalisateur. Les contingences m’empêchèrent de me rendre au Grand Action vendredi [30 septembre 2022, NDLR], où une journée spéciale Paul Vecchiali avait lieu en sa présence, avec baptême d’une salle en son honneur, et projection de films, choisis parmi sa riche filmographie. Je n’en connais que trois, les excellents Nuits blanches sur la jetée et C’est l’amour, le plus aride Train de vies, œuvres tardives d’un fringant octogénaire (années 2010). Je digresse, c’est ce que fait Corps à cœur, copieux mélodrame placé sous l’égide de Jean Grémillon. Galerie de personnages hauts en couleur, constantes ruptures de ton — l’une comme les autres quasi shakespeariennes —, séquences qui ne craignent pas de se colleter avec le ridicule. Une relative pesanteur rend le visionnage du film presque fastidieux, cependant il se bonifie dans le souvenir, où se révèlent toute sa poésie et son audace.
2. Train de vies ou les Voyages d’Angélique (2018).
Deux sièges de quelques TER, où viennent s’asseoir côte à côte les protagonistes d’une histoire sentimentale tragique. C’est raide, et j’avoue n’avoir pas été particulièrement transporté (hin, hin), même si c’est toujours un plaisir de voir le délicat Pascal Cervo à l’écran [NDLR, en illustration, téléphonant aux côtés d’Astrid Adverbe, apparition hyper-hitchockienne du réalisateur]. Quelques vues du paysage à la fenêtre viennent apporter un peu d’air à ce dispositif minimal. À la fin, c’est censé se passer dans un train japonais, on se penche au-dehors, et vous me connaissez, je me mets immédiatement à ricaner et m’exclame, ‘‘Ha, Japon tu parles, ce filou de Vecchiali a filmé une zone industrielle autour de Toulon’’, mais d’indéniables panneaux aux idéogrammes fort peu azuréens m’ont cloué le bec.