Observez cette image en illustration, deux personnes attablées face à face dans un film m’évoquent immanquablement ceux de Hong Sang-soo. Pour moi, le cinoche du maître coréen a infusé depuis une ou deux décennies un peu partout. Oui, bon, c’est sûrement uniquement dans ma tête, j’imagine que pour vous l’image évoque plutôt Les Joueurs de cartes de Cézanne, ou la pochette d’un album de Placebo — votre groupe préféré, ai-je cru comprendre. Figurez-vous que s’est récemment fait entendre aux oreilles de votre humble serviteur, à l’occasion d’un trajet en car, je ne sais quel vieux tube à la radio, ce fut un moment madeleine bien faisandé. Mais revenons à HSS, aucun rapport avec le film de Garrel, si ce n’est un crucial, l’excellence des comédiens. Grinberg, Zem, Merlant, Garrel lui-même, c’est un plaisir de les regarder, ils en font des tonnes, mais avec énormément de grâce, et ce cabotinage est du reste raccord avec le discours sur le jeu filé tout au long du film. Jouer la comédie, c’est oser sortir de soi-même, et partir à l’aventure. Je dis sortir de soi-même, mais pas tout à fait, car le comédien puisera dans sa personne et son vécu pour trouver comment jouer, arrivant en quelque sorte à une variation — voire une augmentation, si on part du principe que le cinéma est mieux que la vie — voire une révélation, si on considère que le cinéma permet d’apprendre à vivre — de lui-même.
Enfin bref, à quoi bon digresser à l’infini et théoriser à la petite semaine, le film n’en a nul besoin, c’est léger, drôle — et parfois, comme dans la scène correspondant à ce fameux face à face, émouvant. J’ai beaucoup aimé, allez le voir, en plus ça se passe à Lyon, bonus de 100 points.