On dirait que la chose agite actuellement quelque peu les cinéphiles, mais je crois que je n’ai pas envie plus que ça de connaître le fond du débat. Je préfère vous donner mes impressions as usual, façon CREDR — comme le proposait avec perspicacité un éminent contact ici même, traduction ’’Compte-rendu d’expérience de réception’’. Bon d’accord, mais c’est quoi cette accroche chrétienne orthodoxe, demanderez-vous. Eh bien, c’est que l’icône Marilyn Monroe se trouve comme jetée au milieu d’autres icônes du cinoche. Je veux dire, Marilyn et 2001 par-ci (fœtus spatial), Marilyn et Il était une fois en Amérique par-là (sonnerie de téléphone), Marilyn en plans-séquences surnaturels type Profession Reporter (belle scène, cf. photo, des vraies larmes au rire faux, finissant sur un reflet irréel). Comme il s’agit en gros d’un film d’horreur, il y a le moment Rosemary’s Baby (this is no dream, this is really happening), le moment Blair Witch (caméra qui tremble sur silhouette qui fait peur), le moment Seven (paquet qu’on ferait mieux de ne pas ouvrir), ainsi qu’un certain nombre de moments David Lynch, à base de couloirs menaçants, de musique simili Badalamenti (je déteste de plus en plus les trucs de Nick Cave et Warren Ellis, bon sang), et de monstruosité qui se tapit sous le conformisme bien nourri des USA fifties.
Continuons sur ce thème, il y a enfin la matérialisation — qu’on peut voir, selon sa sensibilité, comme un clou du spectacle soit audacieux, soit d’un mauvais goût intersidéral (vous voudrez bien me pardonner de ne pas avoir d’avis, ça repose) —, la matérialisation, disais-je, de cette légende urbaine, selon laquelle il existerait un film porno de Marilyn Monroe. Bref, tous des salauds, avec le salaud en chef Mister President. C’est pesant, long et éprouvant, on pense à Aronofsky ou ce genre de conneries — je plaide coupable, Monsieur le Président, j’ai bien aimé Black Swan —, mais ça se regarde avec autant d’intérêt que de curiosité (en plusieurs fois, en ce qui me concerne). Et surtout, Ana de Armas est super en femme meurtrie, violentée et terriblement seule. Je ne sais pas si mes élucubrations vous donnent envie de tenter, comme je ne sais pas si le film donne envie de lire le bouquin de Joyce Carol Oates, dont c’est l’adaptation. Concluons sur un détail, allez savoir pourquoi, mon côté fleur bleue sûrement, et aussi le fait qu’Adrien Brody n’est pas la moitié d’un acteur, j’ai été cueilli, et aussi ému que son personnage (Arthur Miller), lorsqu’une réflexion de MM fait réaliser à celui-ci que Magda, son amour perdu, n’avait probablement pas été en mesure de lire le poème qu’il lui avait composé, parce qu’elle était illettrée.