13 jours, 13 nuits : prisonniers de la platitude

On ne saurait reprocher à Martin Bourboulon de manquer d’ambition. Si l’on excepte Papa ou maman et sa suite qui l’ont lancé comme réalisateur à succès, il a depuis investi le terrain prestigieux du film d’époque à grand spectacle, avec Eiffel et ses deux volets des Trois mousquetaires. Fer de lance de Chapter 2, il semble bénéficier d’une grande confiance pour la réalisation des projets de la société de Dimitri Rassam. Cette fois-ci, il se tourne vers notre époque contemporaine en braquant ses projecteurs sur l’actualité brûlante de l’Afghanistan. 13 jours, 13 nuits est ainsi l’adaptation du récit autobiographique du commandant Mohamed Bila, relatant l’étonnante opération d’exfiltration concernant des centaines d’Afghans.

Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.

La direction d’acteurs, c’est le point positif qu’on s’efforcera de retenir d’une oeuvre qui aurait mérité bien plus de suspense et de palpitations, qu’on se sent presque obligé d’applaudir, afin de ne pas nourrir de mauvaise conscience.

Comme on le disait plus haut, on ne peut reprocher à Martin Bourboulon son manque d’ambition ni son souhait sincère de renouvellement. Dimitri Rassam lui a même apporté des moyens considérables qui contribuent à la crédibilité de son nouveau film. Du côté de la reconstitution d’une histoire assez récente (quatre-cinq ans auparavant), le film s’avère en effet assez impeccable. 13 jours, 13 nuits peut être rangé dans la catégorie des films de témoignage, politiquement corrects, absolument inattaquables en ce qui concerne le fond.

En revanche, Martin Bourboulon, quant à la forme, livre un film honnête, dépourvu d’inspiration, se contentant de suivre les événements du film adapté. Là où il pouvait encore faire illusion dans la première partie des Trois mousquetaires, il retombe désormais dans les travers d’Eiffel et de la seconde partie du diptyque : un manque de profondeur, une absence de sens tragique, une caractérisation sommaire des personnages. D’où le hiatus entre une mise en scène qui voudrait évoquer avec ses scènes à forte figuration un équivalent français de David Lean mixé avec l’urgence d’un Paul Greengrass, sans avoir la dimension lyrique de l’un ni l’efficacité de l’autre.

Il est même étrange, qu’avec une matière aussi explosive, Martin Bourboulon ne soit pas parvenu à rendre insoutenable le suspense de la situation historique. Il se contente de reproduire platement l’impression de la vie au lieu d’insuffler de la vie. Seule surnage l’interprétation des acteurs, impeccables dans leur ensemble, Roschdy Zem dans le rôle du protagoniste principal, Lyna Khoudri et Sidse Babett Knudsen, dans des personnages relativement unidimensionnels qu’elles s’efforcent de servir au mieux. La direction d’acteurs, c’est le point positif qu’on s’efforcera de retenir d’une oeuvre qui aurait mérité bien plus de suspense et de palpitations, qu’on se sent presque obligé d’applaudir, afin de ne pas nourrir de mauvaise conscience.

2.5

RÉALISATEUR : Martin Bourboulon
NATIONALITÉ :  française 
GENRE : drame, thriller
AVEC : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen
DURÉE : 1h52 
DISTRIBUTEUR : Pathé Films 
SORTIE LE 27 juin 2025