Wonka : la magie de Noël et du chocolat

Que peut bien être un bon film de Noël? Wonka semble nous poser directement la question, tant ce projet semble formaté sur mesure pour satisfaire petits et grands autour d’un film unanimiste et fédérateur. Prequel de Charlie et la chocolaterie, Wonka se penche sur les années de jeunesse et de formation de Willie Wonka, Précisons que ce personnage issu des romans de Roald Dahl n’a jamais été évoqué qu’à l’âge mûr dans les oeuvres de l’auteur. Tim Burton en faisait une créature bizarre et excentrique, dans la lignée de ses personnages marginaux. Paul King en fait un héros génial mais inoffensif, en butte à la malchance et à l’hostilité du monde extérieur. Le créateur de Paddington y confirme qu’il est essentiellement un faiseur, ne prenant pas trop de risques et se conformant aux canons des films de Noël.

Le jeune inventeur Willy Wonka qui vend du chocolat, en faisant le tour du monde, poursuit ses rêves et devient connu du monde entier grâce à son génie et à son audace.

Wonka demeure essentiellement un spectacle divertissant et à destination surtout des enfants, mais très facilement dispensable et oubliable,

En effet, Paul King filme des personnages volants après avoir ingurgité le chocolat de Wonka, les personnages volant dans les airs étant un poncif des films féériques. Il n’échappe pas à un certain manichéisme en opposant le monde de la cave peuplé d’esclaves à la merci des hôteliers et le monde à la surface. Mais surtout, il déleste Willy Wonka de toute perversité et de maniaquerie, en faisant un génie révolutionnaire mais au fond parfaitement inoffensif. Timothée Chalamet trouve ainsi l’occasion de prouver ses talents de chanteur dans une sorte de galop d’essai pour son biopic de Bob Dylan. Son incarnation de Wonka se situe délibérément sur le terrain de l’ingénuité et de l’innocence, là où Johnny Depp explorait des zones beaucoup plus troubles, entre Howard Hugues et Michael Jackson. La meilleure partie du film se trouve dans le duo formé par Chalamet et la petite et prometteuse Calah Jones.

Autre poncif du film de Noël, Wonka est une comédie musicale, remplie à foison de chansons pop composées par Joby Talbot et Neil Hannon (The Divine Comedy), qu’on a connu plus inspiré dans les albums Liberation, Promenade ou Absent friends. A force de vouloir ressembler à tout prix à un film de Noël (chansons carillonnantes, personnages virevoltants), Wonka oublie d’en évoquer la face sombre. En effet, les meilleurs films de Noël ne se contentent pas d’en montrer la face joyeuse et dégoulinante de bons sentiments, mais aussi d’en suggérer la noirceur cachée, la solitude et la dépression, ce qui rendent d’autant plus précieuses la joie et les débordement qui s’y expriment. Attention à l’indigestion et à l’écoeurement comme après une overdose de chocolat pendant les Fêtes.

Si l’on ne peut nier une incontestable virtuosité technique à l’oeuvre dans Wonka, il demeure essentiellement un spectacle divertissant et à destination surtout des enfants, mais très facilement dispensable et oubliable, à force de coller à tous les poncifs.

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RÉALISATEUR : Paul King 
NATIONALITÉ :  Etats-Unis, Angleterre 
GENRE : musical, comédie, aventure, fantastique 
AVEC : Timothée Chalamet, Calah Jones, Olivia Colman 
DURÉE : 1h57 
DISTRIBUTEUR : Warner Bros Pictures 
SORTIE LE 13 décembre 2023