When Evil Lurks : l’emprise du mal

Prix de la critique et du public au Festival de Gerardmer 2024, When Evil Lurks vient prendre possession des salles françaises. Éloigné des films horrifiques américains formatés, le film de Demián Rugna réinvente le thème de l’emprise démoniaque, tout en affichant des références de choix. Loin d’être exempt de tous défauts, le long-métrage donne un souffle nouveau à un genre qui accumule les déceptions depuis quelques années.

Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux frères apprennent que les événements étranges survenant dans leur village sont causés par un esprit démoniaque qui a élu domicile dans le corps purulent d’un homme. Le mal dont souffre ce dernier ne tarde pas à se répandre comme une épidémie, affectant d’autres habitants de la région.

When Evil Lurks propose quelques séquences d’horreur de bon niveau, qui démontrent les influences du cinéaste argentin.

Corps coupé en deux, homme répugnant qui dégouline de substances nauséabondes, enfants possédés par un démon… Demián Rugna ne lésine pas sur les moyens horrifiques pour produire quelques scènes susceptibles de provoquer des nausées et une inévitable angoisse. When Evil Lurks raconte effectivement une histoire de possession démoniaque, avec ces « infectés » qui pullulent sur un territoire argentin. Les premières minutes du film donnent la couleur, avec des passages fortement marqués par un sentiment d’horreur constant, symbolisés par la présence d’un homme cloué au lit, défiguré par l’esprit qui le possède. L’œuvre diffuse instantanément une ambiance qui se situe entre The Walking Dead et une version moderne de L’Exorciste. Demián Rugna dépoussière un peu le genre, en berne depuis longtemps, même si l’ensemble a quelquefois une sensation de déjà-vu. When Evil Lurks évite tout formatage pour produire un film rude, à la violence souvent brute, et qui ose aller loin dans la provocation, quitte à être parfois malaisant, mais c’est ce qu’on attend d’un film de genre. Surtout, le cinéaste affiche ces inspirations, de Lucio Fulci à Clive Barker, en passant par David Cronenberg et son Chromosome 3, quand une horde d’enfants maléfiques décide de s’en prendre aux protagonistes.

Même s’il contient des lourdeurs scénaristiques, When Evil Lurks mérite les récompenses obtenues au Festival de Gérardmer.

Les prix se justifient, vu la qualité de la proposition cinématographique et cette volonté de faire un véritable film d’horreur qui vient mettre à l’amende moult productions horrifiques américaines. Certaines scènes marquent les rétines, et les inspirations vont régaler les amateurs de films de genre. Passons sur la présence du fils autiste, Jairo, personnage dont l’autisme est utilisé comme un terreau propice à l’installation d’une emprise démoniaque. Cette lourdeur inutile ne donne pas plus de poids au récit, et fait un peu tache dans une histoire qui tient à peu près la route. Ce qu’il faut retenir, c’est surtout la fin du film, sorte d’apothéose qui vaut largement le coup d’œil, avec ce mal sortant de la bouche des enfants, ces ennemis souvent présents dans les films d’horreur (Simetierre, The Innocents). En somme, When Evil Lurks est une bonne petite surprise, qui redonne ses lettres de noblesse à ce genre.

3.5

RÉALISATEUR : Demián Rugna
NATIONALITÉ :  Argentine, Etats-Unis
GENRE : Horreur
AVEC : Ezequiel Rodriguez, Silvina Sabater, Luis Ziembrovski
DURÉE : 1h39
DISTRIBUTEUR : ESC Films
SORTIE LE 15 mai 2024