We have a dream : confessions et résiliences

Après nous avoir emmenés Sur le chemin de l’école puis à la rencontre de Gogo, Pascal Plisson interroge des enfants souffrant d’une différence. L’œil interrogateur du documentariste ouvre les portes du handicap, révélant ainsi un monde méconnu où la force mentale s’accompagne d’une résilience à toute épreuve. En recueillant les propos de ces personnes qui se livrent face à l’objectif, We have a dream expose une vision optimiste de l’infirmité où les songes prennent le pas sur les pires maux physiques ou mentaux. De ces paroles libératrices naît la farouche intention de s’élever, grandir en s’acceptant et en dominant un corps meurtri. Une bataille pour eux, une leçon de vie pour les autres… Ce documentaire gravit les sommets de l’invalidité, montrant des modèles de résistance et de courage absolu.

Pascal Plisson rencontre des enfants extraordinaires vivant avec un handicap et qui décident de ne pas renoncer aux plus grands rêves.

Le handicap ne peut être mieux dit et expliqué que par ceux qui doivent l’affronter au quotidien. De ces mots matures et lucides, sortant d’esprits téméraires et non pusillanimes, découle une véritable force brisant les chaînes du handicap, explosant les barrières de la souffrance. Ces valeureux témoignages en disent long sur ces endurances psychiques, cette résilience solide.

Ces discours recueillis, provenant d’enfants du monde entier, sont des exemples de pugnacité et de combativité sans limites. Des jambes amputées au spectre de l’autisme, en passant par la cécité, Pascal Plisson filme différents parcours, marqués par la complexité de ces blessures handicapantes. Nonobstant la tristesse qui se cache sûrement dans chacun de ces regards, il extrait de ceux-ci une lueur éclatante synonyme de revanche sur la vie et de quête d’un avenir plus radieux. En entendant ces termes positifs venant de ces jeunes rompus à la lutte permanente, difficile de ne pas y déceler une forme de maturité doublée d’une vision claire sur la nécessité de vivre et d’avancer malgré tout. Ces écoliers affichent une résilience hors normes, inaccessible pour beaucoup, dans des contextes économiquement ruinés. En dépit des affres évidentes, ces témoins du handicap se construisent, se forgent un caractère, avancent à un pas assuré. Certains dansent, d’autres privilégient le travail intellectuel, dans ce studieux cadre de l’école, souvent vectrice de désir et d’ambition dans ces situations-là. Tous ces témoignages concordent, avec comme dénominateur commun ce passage du rêve à la réalité, donner vie aux fantasmes, se créer une identité dans une société non-inclusive, s’inventer un avenir professionnel. Ce qui se dégage surtout est cette insatiable soif de culture, d’art, et ce souhait affirmé d’élévation sociale démangeant l’esprit de ces enfants qui ont déjà une humanité chevillée au corps. We have a dream démontre également que le handicap induit fréquemment une ouverture d’esprit large, dès le plus jeune âge, la gestion quotidienne des difficultés provoquant une autre façon de s’ouvrir à l’existence, de voir la vie sous un angle plus spécifique, avec une réflexion différente.

L’œuvre regorge de récits passionnants, sans doute un peu trop, ce qui en déstabilise une partie de la structure. Toutefois, chaque segment comporte une manière de filmer et d’interroger permettant d’être au plus près des personnes et de leurs problématiques.

Cinq histoires sont racontées. Certainement trop, et We have a dream se mue en une énumération de récits, devient presque un catalogue aux fragments inégaux, ce qui enlève de la puissance au propos. Toutefois, le talent de Pascal Plisson subsiste, lui qui met si bien en valeur la beauté des images et le poids des mots, en questionnant, en cherchant au plus profond de l’être humain ce qu’il y a de plus éblouissant et admirable. Ici, le documentariste sonde l’âme de ces enfants par un dialogue dévoilant à chaque fois leurs émotions, ressentiments, principalement ces insoupçonnées et intarissables ressources contenues en chacun d’eux. Tel un potentiel mental, elles agissent comme un pansement sur les pires plaies, guidées par cette croyance infinie en l’avenir. Surtout, ces échanges indiquent une foi inébranlable, une confiance indestructible transformant le handicap en une force gigantesque. La fragilité laisse place à la robustesse engendrée par l’acceptation de soi, qui passe aussi par accepter le corps. Les images en disent long. Pascal Plisson filme les prothèses, les yeux blancs, l’albinisme de manière pudique et humaine, sans voyeurisme ni sentimentalisme. We have a dream introduit un autre moyen de filmer ces signes, en respectant la dignité. Ce documentaire démontre que la différence n’est pas un tabou, qu’elle doit être acceptée de tous. Il est magique de voir à quel point ces jeunes réussissent à s’approprier le corps, à l’apprivoiser, domptent le handicap et ses conséquences pour pouvoir réaliser les plus douces rêveries, ces rêves symbolisant ce souhait de s’intégrer dans la société moderne. Force et courage, voici ce qui ressort de We have a dream qui est bien plus qu’une leçon, mais aussi un vibrant enseignement sur la tolérance, la bonté, l’abnégation et non sur le défaitisme.

3.5

RÉALISATEUR : Pascal Plisson
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Documentaire
AVEC : 
DURÉE : 1 h 36
DISTRIBUTEUR : Jour2fête
SORTIE LE 27 septembre 2023