Voleuses : plaisir non coupable

En tant que cinéaste, Mélanie Laurent avait pour l’instant creusé son sillon avec des films sérieux. Dans Voleuses, ni amitié toxique (Respire), ni catastrophe climatique (Demain), ni psychiatrie patriarcale (Le Bal des Folles). La réalisatrice – et actrice – française signe une comédie d’action légère mais jamais niaise. Diffusé le 1er novembre sur Netflix, ce film est une jolie variation d’un genre cinématographique usé – rongé ? – jusqu’à la moelle : feel-good et entraînant.

Pour celles et ceux qui s’étaient lassé des gros bras poilus et de la violence gratuite, l’occasion est venue de renouer avec l’adrénaline de l’aventure mêlée à la solidarité – de mise – pour les gentils voyous. In medias res, on découvre le duo de choc formé par Carole (Mélanie Laurent) et Alex (Adèle Exarchopoulos), poursuivies par des drones en plein coeur d’une forêt suisse. Une solide amitié les unit, malgré – ou en raison de – leur différence d’âge et de caractère. L’une est blonde, raisonnable, elle approche les quarante ans, l’autre est brune, impulsive, plus jeune. Après avoir fait les quatre cent coups ensemble, elles souhaitent prendre leurs distances avec ce métier épuisant et dangereux, mais la marraine de leur réseau (Isabelle Adjani) ne l’entend pas ainsi… Cette dernière leur propose alors une ultime mission en Corse, où elles devront faire équipe avec une nouvelle recrue, Sam (Manon Bresch).

Évolutions sociétales, sororité, réinvention des schémas familiaux traditionnels, tout est distillé avec finesse et ne fait jamais écran au déroulé rocambolesque du casse.

Tout est question de distance, d’allers-retours entre une intrigue évidemment hors-sol et des problématiques très réalistes. C’est peut-être là que réside la force de Voleuses, qui articule comique de situation, joutes verbales bien senties et une dose mesurée d’émotions humaines. Outre de belles cascades et un suspense savamment instauré, la relation entre les trois protagonistes est particulièrement touchante – probablement grâce à un jeu impeccable et des dialogues justes.

On pardonne donc les clichés, notamment les plans folkloriques qui semblent sponsorisés par l’Office de tourisme régional corse. Cela fait partie du package. On les pardonne d’autant plus que la plupart d’entre eux sont transformés, revisités, comme des restes du dimanche soir que l’on arrange avec des épices ou une nouvelle sauce. Subtilement, Mélanie Laurent saupoudre ces petits exhausteurs de goût qui changeront le visage d’un plat que l’on a pourtant mangé d’innombrables fois. Évolutions sociétales, sororité, réinvention des schémas familiaux traditionnels, tout est distillé avec finesse et ne fait jamais écran au déroulé rocambolesque du casse. Ajoutez à cela une Isabelle Adjani désopilante en marraine sociopathe, et le tour est joué !

Avec ce film sans prétention, profondément rafraîchissant, la réalisatrice renoue avec un cinéma qui divertit et rassemble, un cinéma de son époque et qui la précède en même temps.

3.5

RÉALISATEUR : Mélanie Laurent
NATIONALITÉ :  française
GENRE : comédie d'action
AVEC : Mélanie Laurent, Adèle Exarchopoulos, Manon Bresch, Isabelle Adjani
DURÉE : 115 minutes
DISTRIBUTEUR : Netflix
SORTIE LE 1er novembre