Un Fils du Sud : A l’ombre de la potence du racisme

La question noire demeure toujours autant d’actualité aux Etats-Unis. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, la présidence Obama n’a pas véritablement apaisé les tensions et affrontements entre communautés noire et blanche. La présidence Trump a de plus souvent attisé le feu qui couvait. D’où la résurgence récente de films qui ont confirmé l’existence de cette question depuis les années soixante, sinon encore plus tôt : Selma de Ava DuVernay, BlacKkKlansman de Spike Lee et Detroit de Kathryn Bigelow creusent ainsi le même sillon favorable aux minorités. Sans aller jusqu’à atteindre la même force expressive, Un fils du Sud de Barry Alexander Brown, monteur attitré de Spike Lee, apporte une belle leçon de civisme, sous les allures d’un biopic classique mais nerveux et énergique par son montage et sa réalisation.

En 1961, Bob Zellner, petit-fils d’un membre du Ku Klux Klan originaire de Montgomery dans l’Alabama, est confronté au racisme endémique de sa propre culture. Influencé par la pensée du révérend Martin Luther King Jr. et de Rosa Parks, il défie sa famille et les normes sudistes pour se lancer dans le combat pour les droits civiques aux États-Unis.

Un fils du Sud de Barry Alexander Brown, monteur attitré de Spike Lee, apporte une belle leçon de civisme, sous les allures d’un biopic classique mais nerveux et énergique par son montage et sa réalisation.

Un fils du Sud nous conduit ainsi à vivre de l’intérieur le soulèvement du Mouvement des Droits civiques et le traumatisme d’un jeune Blanc qui réussit à échapper à l’endoctrinement et la pression de son milieu familial et de son entourage. Certes, on pourra toujours reprocher à ce type de long métrage un certain didactisme obligé mais la qualité de l’interprétation et le rythme de la mise en scène permettent de suivre agréablement une histoire assez méconnue, celle de Bob Zellner, toujours vivant aujourd’hui, qui fut l’un des premiers militants blancs pour l’égalité entre les Noirs et Blancs aux Etats-Unis.

Le film prend toute sa signification par un état des lieux assez documenté des relations entre Noirs et Blancs à l’aube des années soixante : d’un côté, un racisme endémique, fortement enraciné depuis des générations, celui du grand-père de Bob Zellner, qui déclare n’avoir rien à reprocher aux Noirs mais ne pas aimer les rencontrer ni les croiser ; de l’autre, les militants de la cause noire, souvent noirs par la force des choses, Joanne, Rosa Parks, John Lewis, l’initiateur du Freedom Ride, etc. ; entre les deux, le père de Bob, qui s’était fait embrigader contre son gré au Ku Klux Klan et a réussi à s’en éloigner, et enfin Bob, tourmenté de remords d’avoir lapidé un Noir dans son enfance, et s’interrogeant sur le dicton énoncé par e Rosa Parks, « ne pas choisir, c’est déjà choisir ». On croirait que cette leçon classique d’antiracisme ne serait plus nécessaire aujourd’hui. Tous les jours les faits nous démontrent le contraire.

3.5

RÉALISATEUR :  Barry Alexander Brown 
NATIONALITÉ : américaine
AVEC :  Lucas Till, Lucy Hale, Lex Scott Davis
GENRE : Biopic, drame
DURÉE : 1h46
DISTRIBUTEUR : Star Invest films France
SORTIE LE 16 mars 2022