Bien qu’ignoré par les grands festivals de cinéma, le film islandais Touch (2024) s’est hissé jusqu’à la shortlist des Oscars dans la catégorie du meilleur film international, et propose en effet une histoire insulaire remarquable — non seulement celle de l’Islande, mais également située sur les îles britanniques et au Japon.
Le film débute dans le contexte des manifestations étudiantes des années 60 à Londres, où Kristófer, étudiant gauchiste convaincu, désillusionné par les choix politiques de son université, commence à travailler dans un restaurant japonais. Ce qui avait commencé comme un geste de rébellion face aux moqueries politiques de son ami devient, contre toute attente, un tournant majeur dans sa vie — dès lors que Kristófer se rapproche de Miko, la fille du propriétaire. Toutefois, le récit ne suit pas une progression chronologique : l’histoire entre Kristófer et Miko est encadrée par une narration contemporaine, juste avant le déclenchement de la crise du coronavirus en 2020. Kristófer, désormais âgé et atteint de pertes de mémoire, entreprend un voyage vers son passé — dans l’espoir de retrouver ce qu’il croit être le plus précieux : les souvenirs vieux de cinquante ans.
Le scénario est d’une grande finesse narrative, et les choix visuels véritablement cinématographiques — notamment la mise en parallèle des deux époques — rendent l’ensemble captivant et agréable à suivre tout au long des deux heures que dure le film.
L’intrigue principale du film — que s’est-il passé entre le couple pour qu’il se sépare — reste sans réponse jusqu’à la toute fin. Et à mesure que le récit s’enrichit de nuances sur cette relation ancienne, les personnages deviennent plus complexes et attachants, tandis que le contexte historique — à la fois douloureusement influent et remarquablement secondaire — passe presque en arrière-plan. Le scénario, écrit par le réalisateur Baltasar Kormákur (101 Reykjavík, 2000 ; Jar City, 2006) et Olaf Olafsson, est d’une grande finesse narrative, et les choix visuels véritablement cinématographiques — notamment la mise en parallèle des deux époques — rendent l’ensemble captivant et agréable à suivre tout au long des deux heures que dure le film.
Cependant, certains dialogues maladroits et surtout la révélation finale sur les raisons de la séparation du couple viennent gâcher le charme de l’ensemble. Leur traitement dans le film semble simplement inadéquat au regard de ce que le spectateur est en droit d’attendre d’un tel genre et de la présentation des personnages. Ainsi, malgré son charme indéniable, certaines scènes paraîtront soit trop idylliques, soit artificiellement dramatiques, ce qui nuit à leur intégration naturelle dans l’histoire.
Au final, annoncé comme une romance dramatique, Touch atteint une portée bien plus large en évoquant une vaste tranche de l’histoire récente : des bombardements d’Hiroshima jusqu’à la quarantaine mondiale, et célèbre sans doute la valeur la plus universelle qui, envers et contre tout, retrouve son sens — celle qui est au cœur même du titre du film : le contact entre deux êtres. Un film tendre, rassurant et brillamment mélancolique, parfait pour une soirée tout en douceur.
RÉALISATEUR : Baltasar Kormákur NATIONALITÉ : Islande GENRE : Drame, Romance AVEC : Egill Olafsson, Pálmi Kormákur Baltasarsson, Kōki DURÉE : 2h 01min DISTRIBUTEUR : Condor Distribution SORTIE LE 30 juillet 2025