Un top 10 un peu spécifique vu l’orientation de mes visionnages en 2022, c’est-à-dire majoritairement constitués de sorties de patrimoine en vidéo (en France et ailleurs). Vu la richesse de l’année (comme chaque année…), je triche un peu en composant un top 10 avec 13 films…
L’Homme tranquille / Les Grands ducs (Rimini) :
Une Arlésienne (pour de bien tristes raisons) avec L’homme tranquille, sans doute LA ressortie de l’année vu le film absolument magistral concerné : c’est magnifique, ça passe tout seul, c’est à la fois profond et léger.
Un autre film un peu bloqué pendant longtemps que Les Grands Ducs, comédie absolument imparable, avec notamment un Jean-Pierre Marielle impérial et un résultat au trio peut-être légèrement déséquilibré (Rochefort parait un peu en retrait) mais hilarant de bout en bout.
The Party and the Guests (Second Run) :
Second Run travaille son sillon de prédilection du cinéma est-européen avec ce film tchécoslovaque de Jan Nemec, très amusante et mordante satire politique d’un arbitraire absurde, toute en douceur et en une improbable légèreté mais pourtant terrifiante par les processus psychologiques impliqués.
Hunted (Indicator) :
On apprécie aussi Indicator pour son travail à exhumer des titres autrement invisibles, et ce fut le cas avec le coffret consacré aux 3 films produits par la Pemini, dont cette pépite de concentré de tension qu’est le huis-clos de Hunted, moyen-métrage paranoïaque implacable.
Viva Erotica (Spectrum) :
Excellent bijou d’équilibre qu’est Viva Erotica, bien moins grivois que ce que son titre laisse penser, mais au contraire chronique douce-amère de la vie quotidienne d’un réalisateur réduit à faire des films érotiques pour survivre, quitte à y laisser ses ambitions et sa carrière. Le film traite cela sur un versant plutôt léger mais pas sans sérieux, pour une réflexion pas forcément révolutionnaire mais à l’équilibre très plaisant à suivre.
Get Carter / The Men (BFI) :
Grosse ressortie de l’année pour le BFI avec Get Carter, le classique de gangsters britanniques signé Mike Hodges et avec un Michael Caine au sommet. Froid, brutal, direct, le film est racé et impulsif comme son protagoniste, déployant cela dans une Angleterre découpée entre puissants et exécutants de bas ordres, prenant un peu son temps pour placer toute la clique concernée avant d’abattre violemment ses cartes.
A l’autre bout, on trouve The Men, de Fred Zinnemann, joli drame sentimental (et parfois un peu sentimentaliste) autour de la difficile réinsertion d’un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale revenu paraplégique, propulsant Marlon Brando dans un rôle plutôt bien écrit, mais s’inscrivant plus globalement dans un script assez pédagogue sur un sujet à l’époque encore assez mal pris en charge. Le résultat en sort grandi.
L’Extravagant Mr Deeds (Wild Side) :
Difficile de battre ce Capra de la grande époque, fable romantico-socio-politique typique des films les plus connus de Capra et menée avec brio. On pourra tout juste reprocher un dernier quart virant un peu brusquement au film de tribunal moins passionnant que ce qui précédait.
Kinuyo Tanaka / La croisière jaune (Carlotta) :
Deux projets-sauvetages passionnants pour les curieux, avec la transcription vidéo de l’exhumation des 6 films réalisés par Kinuyo Tanaka, pour ainsi dire invisibles depuis leurs sorties à l’époque (et parfois jamais montrés hors du Japon), et un documentaire ethno-technologique culturellement fascinant ressorti d’on ne sait trop où exactement (tant mieux).
Le Ciel est à vous (Coin de mire) :
Doucement mais sûrement, la filmographie de Jean Grémillon retrouve le chemin de l’actualité, et après sa récente ressortie en salles, c’est chez Coin de mire que le film retrouve une nouvelle jeunesse en vidéo. Il faut au moins ça pour un film aussi énergique, aussi résolument moderne, et on ne saura que conseiller à ceux l’ayant loupé en salles de rattraper au plus vite cela (avant que quelqu’un n’en fasse un remake qui dure 1h de plus – le film est fascinant par ce qu’il arrive à embarquer en seulement 1h30).
Coffret Pierre Clémenti (Potemkine) :
On aime Potemkine pour ces projets fous, comme ils ont pu le faire par le passé avec FJ Ossang, Barry Purves ou Jean Epstein (ou plus récemment les films d’Abbas Kiarostami pour Kanoon), ils le refont avec les films de Pierre Clémenti, trips assez psychédéliques et pas toujours narratifs creusant un sillon parfois un peu répétitif mais visuellement et techniquement, régulièrement très stimulants, regroupés ici dans un travail éditorial totalement dans les habitudes de l’éditeur.
Evil Dead Trap 2 / La balance (Le Chat qui fume) :
Deux projets tout aussi intéressants mais pour des raisons différentes : d’un côté la suite barrée mais mieux maitrisée d’un film tout aussi barré (mais pour des raisons différentes), de l’autre un excellent policier français 80s, peut-être un peu anodin sur le papier mais à la redoutable efficacité (ce qui est déjà très bien).