Alors que Dahmer vient à peine de sortir, Ryan Murphy et Ian Brennan nous proposent une nouvelle adaptation basée sur un véritable fait divers. On y suit la famille Brannock, ayant quitté New York pour aménager dans une des villes les plus sûres et paisibles des États-Unis. Leur tranquillité ne sera que de courte durée, car ils seront vite harcelés par le biais des lettres signées par une mystérieuse personne ayant pour pseudonyme « L’Observateur ».
Évidemment, s’il y a bien quelque chose de frustrant à propos de The Watcher c’est que l’histoire n’a pas de réelle fin. Dans les faits, nous n’avons jamais su qui était « L’Observateur », et la série ne propose que de nombreux indices et suspects, ayant pour unique but de semer le doute et rendant finalement l’histoire intéressante. The Watcher nous maintient alors dans ce jeu du chat et de la souris entre la famille Brannock et « L’Observateur ». L’ambiance n’est pas vraiment menaçante, mais Ryan Murphy et Ian Brennan y incorporent tout de même quelques éléments classiques du genre que l’on a parfois déjà vus dans leurs précédentes créations (l’introduction de The Watcher faisant écho à celle de la saison 1 d’American Horror Story par exemple).
Ce qui fait la force de The Watcher, mis à part cette étrange histoire de harceleur, est son casting. Les parents de la famille Brannock (interprétés par Naomi Watts et Bobby Cannavale), mais aussi leurs voisinages (Mia Farrow ou encore Margot Martindale), tout fonctionne pour que ces personnages marquent le public. La série offre des idées intéressantes dans les thématiques abordées. Ici, il est question de la paranoïa, de l’observation entre voisins, mais aussi de la différence de classe, le racisme ou le complotisme.
Bien que l’écriture soit parfois un peu trop paresseuse pour rendre l’histoire vraiment mémorable, on reste tout de même curieux de la suite des évènements.
Alors que la série ne compte que sept épisodes, on sent tout de même qu’elle traîne un peu en longueur notamment à partir du quatrième. Certaines scènes semblent avoir été rajoutées pour augmenter la durée du récit. C’est le cas notamment avec l’histoire de John Graff (un ancien propriétaire ayant assassiné sa famille dans la maison avant de s’enfuir sans laisser de traces). Cette histoire n’a absolument aucun lien avec celle de l’Observateur dans la réalité, mais est quand même présente pour rajouter plusieurs couches d’intrigues et de questions. The Watcher part dans tous les sens et offre de nombreuses pistes. Le dernier épisode, réalisé par Jennifer Lynch, la fille de David Lynch, finit par enchaîner twist sur twist, rendant le tout confus et peu mémorable. À son sujet, ce n’est pas la première fois qu’elle travaille avec Ryan Murphy (notamment sur Dahmer, Ratched et American Horror Story). Il est donc amusant de noter que Naomi Watts a travaillé avec Lynch père et fille. La boucle est bouclée.
Concernant la réalisation globale de la mini-série, c’est en dents de scie. Certaines séquences arrivent à transmettre l’émotion souhaitée, tandis que d’autres nous laissent perplexes tellement le tout paraît fade. On veut nous présenter la maison comme un personnage à part entière. C’est tout l’intérêt d’une des pistes introduites dans la série, mettant en scène un ancien professeur de lettres demandant à ces élèves d’écrire des poèmes à des résidences pour lesquelles ils ont un attrait particulier. Malheureusement, cette piste demeure mal exploitée, car on ne voit que trop peu de pièces. La maison dégage bien quelque chose de mystérieux, mais on arrive difficilement à se faire une représentation de l’intérieur et de sa vraie beauté, même après les sept épisodes.
Malgré tout cela et bien que l’écriture soit parfois un peu trop paresseuse pour rendre l’histoire vraiment mémorable, on reste tout de même curieux de la suite des évènements. On lance assez rapidement le prochain épisode afin de voir l’évolution de l’enquête pour finir finalement avec presque un arrière-goût de « tout ça pour ça » en arrivant au dernier générique.
SHOWRUNNER : Ryan Murphy et Ian Brennan NATIONALITÉ : Américaine AVEC : Naomi Watts, Bobby Cannavale, Mia Farrow, Margot Martindale, Joe Mantello GENRE : drame, énigme, horreur, thriller DURÉE : 7x45 min DISTRIBUTEUR : Netflix SORTIE LE 13 octobre 2022