The Pod Generation : maternité sans grossesse

Le futur est toujours prétexte aux pires dystopies. Cette fois-ci, Sophie Barthes nous emmène dans un monde où l’intelligence artificielle s’est infiltrée dans notre quotidien, répondant aux tâches les plus pratiques. Mais alors qu’elle aurait pu se contenter de traiter ce sujet, ce n’est que l’arbre qui cache la forêt. Car le véritable sujet de The Pod Generation, c’est la maternité artificielle, lorsque des géants capitalistiques et technologiques proposent des Womb Centers (Centres de l’utérus) où une maternité nouvelle est proposée, indépendante du genre, portant l’enfant dans des espèces d’oeufs ou capsules. La thématique est certes originale et intéressante mais Sophie Barthes pèche par le traitement, bien trop lénifiant et optimiste pour permettre une réelle réflexion.

Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…

On a l’impression tenace de voir un épisode un peu raté de Black Mirror, où l’innovation technologique, le pod, n’engendre pas, c’est le cas de le dire, des réflexions possibles, innovatrices et inattendues.

Française, comme le titre de son film ne l’indique pas, Sophie Barthes a pourtant fait ses études de cinéma et sa carrière aux Etats-Unis. Son précédent film, Madame Bovary, était malgré tout une réminiscence de sa culture littéraire française, une oeuvre très classique, portée par une Mia Wasikowska, toujours impeccable. Place à la science-fiction pour son troisième film, The Pod Generation, où Sophie Barthes s’interroge sur la dichotomie science/nature par rapport à la problématique de la maternité.

Cette fois-ci, l’épouse occupe une situation de pouvoir par rapport à son mari, en étant une femme d’affaires face à un modeste biologiste, un peu comme dans la version sérielle des Scènes de la vie conjugale. Si cette situation s’avère assez avant-gardiste par rapport aux couples d’aujourd’hui, Sophie Barthes s’est en revanche quasiment fait rattraper sur le thème de l’intelligence artificielle. Quand elle avait commencé à écrire son scénario, deux ou trois ans auparavant, ChatGBT n’était pas aussi puissant. Or, quand elle nous montre des intelligences artificielles s’exprimer au domicile du couple protagoniste ou servir de psy formidablement compétents car débarrassés des émotions superflues, nuisibles et parasitaires, elle est devenue très proche de la réalité, même si nous n’en sommes pas encore là.

Le monde décrit et créé s’avère donc assez crédible, ainsi que le renversement des genres, bien que moins subtil que dans Anatomie d’une chute. Malheureusement, là où le bât blesse, c’est dans le traitement du thème principal de la maternité qui aurait pu se révéler passionnant, la PMA et la GPA ayant déchaîné les passions au cours de la dernière décennie. Par manque de point de vue, Sophie Barthes semble hésiter entre une comédie romantique et une dystopie angoissante et finalement ne réussit ni l’une ni l’autre. On a l’impression tenace de voir un épisode un peu raté de Black Mirror, où l’innovation technologique, le pod, n’engendre pas, c’est le cas de le dire, des réflexions possibles, innovatrices et inattendues. The Pod Generation est à la fois assez poussif et bien trop long, Sophie Barthes semblant se résoudre à la fin à faire une apologie prévisible du retour à la nature et des conditions normales d’enfantement. Tout ça pour ça, et le jeu assez transparent d’Emilia Clarke et de Chiwetel Ejiofor n’arrange tristement pas l’intérêt du film qui, au-delà de ses prémisses scénaristiques, ne laissera pas d’empreinte profonde.

2.5

RÉALISATEUR : Sophie Barthes 
NATIONALITÉ :  américaine 
GENRE : science-fiction 
AVEC : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig 
DURÉE : 1h51 
DISTRIBUTEUR : Jour2Fete
SORTIE LE 25 octobre 2023