The Novice : rame, rameur, ramez

En 2017, Lauren Hadaway a réalisé un court métrage Row sur une jeune femme qui se confrontait à sa peur de l’eau, survenue après une noyade, en faisant de l’aviron. Cinq ans plus tard, son premier long métrage, The Novice, traite également d’une jeune femme qui se surpasse psychologiquement et mentalement en se lançant dans des compétitions d’aviron, jusqu’à se mettre en danger et aller jusqu’à l’autodestruction. Cette suite dans les idées provient à l’évidence d’une expérience personnelle, Lauren Hadaway ayant participé adolescente à des compétitions d’aviron, expérience marquante et formatrice pour elle. The Novice est ainsi un petit film, sec et nerveux, qui transmet assez bien l’obsession de perfection et de jusqu’au-boutisme qui peut hanter certaines personnes.

Alex Dall, jeune fille solitaire et dévorée par un besoin de réussir, décide de s’inscrire au club d’aviron de son université. Dès son arrivée, elle veut rejoindre le meilleur équipage par tous les moyens, y compris dépasser ses propres limites physiques et mentales quitte à se mettre ses coéquipières à dos.

The Novice est ainsi surtout par le charisme de son interprète un film efficace, sans être pour autant inoubliable, sur une obsession dévorante, celle de la perfection et de la compétition.

Lauren Hadaway est surtout connue comme monteuse son (Whiplash) ou spécialiste d’effets sonores (Les Huit salopards, Justice League). Il en subsiste indubitablement quelque chose dans The Novice qui se signale par la recherche de sa bande-son et la qualité de ses effets sonores, jouant sur la diffraction du son et l’alternance entre le côté gauche et le côté droit. De même, la mise en scène est rapide, nerveuse, le montage haché, jouant sur des effets à la limite du clip, avec une précision qui rappelle le Damien Chazelle des débuts et sa façon de mettre en scène la torture des corps sous le joug du travail, cf. l’apprenti batteur dans Whiplash.

Lauren Hadaway montre ainsi le corps en souffrance, de manière quasiment christique, ployant et se relevant face à l’épreuve, les mains en sang, allant vers un processus d’autodestruction. The Novice n’est pas stricto sensu un film d’horreur ; il en possède pourtant les codes et l’imagerie (évanouissement, mutilation, etc.) et ne se montre pas avare en scènes-chocs. De là à dire que la véritable horreur réside dans le travail poussé jusqu’à son point le plus extrême, il n’existe qu’un pas que Lauren Hadaway franchit allégrement.

On ne va pas quitter d’une semelle Alex Dall à la manière des Dardenne suivant Rosetta. The Novice est ainsi porté par une actrice exceptionnelle, Isabelle Fuhrman, qui montre qu’il peut exister un futur de comédienne après Esther. Elle fonctionne donc comme un bloc de motivation et d’énergie qui laisse entrevoir des failles, des béances intimes, comme sa vie privée queer, instable. L’on s’interrogera néanmoins durant tout le film sur ses réelles motivations pour se faire autant de mal à travers un sport qui n’est censé être qu’un simple divertissement mais qui finit par devenir une quête existentielle.

The Novice est ainsi surtout par le charisme de son interprète un film efficace, sans être pour autant inoubliable, sur une obsession dévorante, celle de la perfection et de la compétition.

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RÉALISATEUR :   Lauren Hadaway 
NATIONALITÉ : américaine 
GENRE :  Drame, thriller 
AVEC : Isabelle Fuhrman, Amy Forsyth, Dilone, Jonathan Cherry  
DURÉE : 1h37 
DISTRIBUTEUR : Star Invest Film France 
SORTIE LE 11 janvier 2023