Disponible en DVD chez AB Production.
Comme d’autres, l’Afrique souhaite ériger une muraille. Là où cette protection se distingue, c’est que cette dernière cherche à s’ériger en réponse à un phénomène mondial qui ne cesse de prendre de l’ampleur : les changement climatiques et ses conséquences. Une volonté verte et de proximité que nous fait découvrir la musicienne malienne Inna Modja derrière la caméra du cinéaste australien Jared Paul Scott. Un documentaire engagé sous forme de road trip musical, entre souffrance et espoir.
Espace de transition entre le désert saharien au nord et les savanes soudaniennes au sud, le Sahel s’étend de l’Atlantique à la mer rouge. Une ceinture mise à mal depuis plusieurs décennies par des épisodes de sécheresse, entraînant dans son sillage un douloureux et souvent funèbre cortège de conséquences. Face à cette désertification grandissante, fruit du climat changeant et de la gestion parfois inadaptée des terres, une idée est née : faire de cette bande un espace de transition écologique. Une muraille verte du Sénégal jusqu’au Djibouti, au-dessus de l’Ethiopie. Une manière de retrouver la fertilité du sol, mais aussi d’accompagner les générations futures en créant des espaces où l’exil n’est pas l’unique voie.
Face à cette désertification grandissante, fruit du climat changeant et de la gestion parfois inadaptée des terres, une idée est née : faire de cette bande un espace de transition écologique.
Un aspect souligné et essentiel du documentaire, l’influence réciproque entre notre environnement et nos comportements. Une notion connue dont nous ne mesurons pas toujours la portée. Dans le cas des pays traversés par le Sahel, un malheur en amène un autre : la dégradation des sols et la disparition des sources attirent pénuries, chômage, conflits et migration forcée. Dans ces conditions, difficile de trouver du sens, l’espoir d’un lendemain meilleur en Europe se dessine alors dans l’esprit de nombreux jeunes. Pour ceux qui ne partent pas, l’ombre des mouvements insurrectionnels et militants plane. Si aucune généralisation ne doit être faite, les récits ne manquent malheureusement pas. Heureusement, c’est aussi dans ce qu’il y a de plus douloureux que l’espoir naît : dans la jeunesse et son émancipation. Le Great Green Wall peut être, au même titre que les nouvelles technologies, un moteur pour la reconquête des territoires et des vies.
Ce constat, on le construit au fur et à mesure de l’enrichissant voyage d’Inna Modjan, touchante et engagée, à travers le Sahel. D’une rive à l’autre, on découvre des visages, des tranches de vie, mais aussi et surtout des mélodies. Avec l’aide de ses talentueux musiciens, l’artiste chante son voyage. Une pertinente façon d’aborder la richesse des cultures africaines et de faire de la musique un trait d’union de ces peuples. Plus que par la musique, la solidarité apparaît également autour d’initiatives responsables qui portent leurs fruits. C’est dans ces lueurs que la vulnérabilité se fait force et que la résilience apparaît. Reste à intensifier les actions afin de faire de ce grand et nécessaire projet une réalité.
Si la forme un peu superficielle de The Great Green Wall peut parfois desservir son propos, l’engagement du documentaire reste néanmoins indiscutable. Didactique et documenté, le film de Jared Paul Scott plante une graine de réflexion dans nos esprits : agir pour demain… de préférence aujourd’hui. On ressort du documentaire avec une certitude en tête, ce mur n’aurait pas pu avoir meilleure ambassadrice que la musicienne Inna Modja.