Spider-Man : Far from home : le blues de l’araignée

Tout d’abord annoncé comme le premier film de la phase IV du MCU (Univers Cinématographique Marvel), Spider-Man : Far from Home se trouve finalement devenu le dernier de la longue série des 23 films de la Saga de l’Infinité, ainsi que l’ultime et onzième volet de la Phase 3 du MCU. Une lourde tâche lui incombe donc, celle de conclure cette saga, mission qu’on aurait davantage dévolue à Avengers : Endgame. Il ne s’agit pas d’ailleurs du seul enjeu reposant sur ce film puisque, en tant que deuxième volet du reboot initié par Spider-Man : Homecoming, il doit également continuer la franchise Spider-Man en prises de vues réelles, alors que l’année dernière, le film d’animation Spider-Man : New Generation a été célébrée comme la meilleure version de Spider-Man jamais réalisée au cinéma, surclassant les films de Sam Raimi. La concurrence est donc rude, ainsi que le poids de l’héritage de toute une saga. Comment Spider-Man : Far from Home va-t-il assumer ces divers enjeux? 

Spider-Man : Far from Home se trouve globalement au même niveau que Homecoming, sans atteindre l’excellence de la trilogie de Sam Raimi ni les bas-fonds du diptyque de Marc Webb, tout en étant largement surclassé par le miracle de Spider-Man : New Generation.

Au début de Spider-Man : Far from Home, Peter Parker a le blues. Il ne parvient pas à faire le deuil de la disparition de son mentor, Tony Stark, qui s’est sacrifié pour le ramener de l’Eclipse, suscitée par un claquement de doigts de Thanos, supprimant ainsi la moitié de l’humanité. Il a du mal à assumer son statut de successeur ou d’héritier. Il part alors pour se distraire, loin des préoccupations de Spider-Man, dans un voyage d’études en Europe, avec ses joyeux compères, Ned, MJ et Betty. Mais le claquement de doigts de Thanos n’a pas engendré que l’Eclipse comme conséquence ; il a aussi causé des failles spatio-temporelles qui font apparaître l’existence du multivers. c’est-à-dire plusieurs réalités temporelles différentes d’où viennent les Élémentaux, des personnes capable de contrôler les éléments comme le feu, l’eau, la terre et l’air.

Premier volet du reboot de Jon Watts, Spider-Man : Homecoming avait rajeuni d’un coup la franchise, cure de jouvence dont le plus beau symbole était sans doute l’incarnation de Tante May par une Marisa Tomei insolente de séduction, à faire pâlir bien des jeunettes. Rappelons pour ceux qui ne le sauraient pas que Jon Watts n’a que 37 ans. Spider-Man : Far from Home continue sur cette lancée, en intégrant néanmoins une dimension inédite de deuil. Hormis cet aspect, toute la première partie du film assume franchement sa nature de teen movie, avec ses couples adolescents, leurs rivalités puériles et leurs sentiments non assumés. Le twist qui coupe le film en deux, concernant l’identité du méchant du film, qu’on ne divulgâchera pas ici, permet de relancer grandement l’intérêt du film, mais on pourra regretter que la personnalité de ce méchant n’ait pas davantage été travaillée, ce qui représentait au contraire le point fort de la trilogie de Raimi.

Le rythme du film s’avère excellent, plein d’humour et d’énergie. La caractéristique de ce volet est sans nul doute une fantastique utilisation du décor réel des villes européennes (Venise, Prague, Londres) qui servent d’étapes au voyage d’études de Peter, MJ, Ned, Betty et les autres. En ce qui concerne l’interprétation, elle se montre assez inégale : autant Tom Holland (Peter Parker), Jon Favrau (Happy), Marisa Tomei (Tante May), Jacob Batalon (Ned) et Angourie Rice (Betty) produisent des étincelles, autant Jake Gyllenhaal (Mysterio) et Zendaya (MJ) livrent des prestations en demi-teinte qui n’entachent pas heureusement le film. Car ses auteurs ont prévu suffisamment de rebondissements scénaristiques (le twist central ainsi que les deux séquences post-générique) pour minorer les quelques interprétations moyennes du lot.

Tel quel, Spider-Man : Far from Home se trouve globalement au même niveau que Homecoming, sans atteindre l’excellence de la trilogie de Sam Raimi ni les bas-fonds du diptyque de Marc Webb, tout en étant largement surclassé par le miracle de Spider-Man : New Generation.  Il n’en demeure pas moins un divertissement de belle tenue, auquel une suite est déjà promise dans un troisième volet, étant donnée l’issue de la première séquence post-générique qui ne manquera pas de bouleverser les fans de l’homme-araignée.