Smile 2 : she’s lost control…

Dans les années 70 et 80, des cinéastes innovants se sont servis des films de genre pour exprimer leur sensibilité artistique, voire politique. La liste est longue : Brian De Palma, David Cronenberg, John Carpenter, David Lynch, Wes Craven, George Romero…Leurs films sont devenus des classiques. Aujourd’hui, nous vivons peut-être depuis les années 2010 un nouvel essor du cinéma fantastique et d’horreur, révélant de véritables auteurs comme Julia Ducournau, Ari Aster, Coralie Fargeat et…Parker Finn. Succès surprise de 2022, Smile a fait découvrir ce jeune cinéaste de 35 ans (à l’époque), via l’adaptation sur grand écran de son court métrage Laura hasn’t slept. Le succès appelant fatalement une suite, voici donc deux ans plus tard Smile 2 où Parker Finn montre la même jubilation adolescente de faire du cinéma, tout en abordant des thématiques plus graves et sombres, comme le poids de la célébrité et la commercialisation de notre monde.

À l’aube d’une nouvelle tournée mondiale, la star de la pop Skye Riley se met à vivre des événements aussi terrifiants qu’inexplicables. Submergée par la pression de la célébrité et devant un quotidien qui bascule de plus en plus dans l’horreur, Skye est forcée de se confronter à son passé obscur pour tenter de reprendre le contrôle de sa vie avant qu’il ne soit trop tard.

Dans Smile 2, Parker Finn montre la même jubilation adolescente de faire du cinéma, tout en abordant des thématiques plus graves et sombres, comme le poids de la célébrité et la commercialisation de notre monde.

Smile 2 commence de manière un peu ostentatoire avec un prologue en plan-séquence de dix minutes, faisant la liaison entre les deux films, avec l’intitulé « Six jours plus tard« . Le film installe son univers en reprenant sous forme de clin d’oeil et de transition les acteurs de Smile, Kyle Gallner et Sosie Bacon, et en utilisant le caméo de Drew Barrymore, fléchant ainsi la référence vers la fameuse franchise Scream de Wes Craven, Les premières vingt minutes nous plongent dans le quotidien d’une pop star tourmentée par un accident de voiture dont elle a réchappé par miracle. On craint alors d’assister à l’énième film d’horreur avec jumpscares et effets horrifiques de mauvais goût. C’est presque le cas lors de la séquence se passant chez Lewis, un dealer de substances médicamenteuses mais heureusement le film se révèle bien plus retors, en explorant les travers de la célébrité et du prix à payer pour rester sous les feux des projecteurs.

Et si vous viviez ce qu’a enduré Amy Winehouse et ce que supportent actuellement Lady Gaga, Taylor Swift, Lana Del Rey ou encore Billie Eilish, parmi les superstars pop planétaires du moment? C’est l’expérience que vous propose Smile 2. Sourire tout le temps, affirmer une bonne humeur de tous les instants, être joviale avec ses fans et lors des interviews, tel est en fait le calvaire que traversent toutes les popstars, alors qu’elles n’ont qu’une envie, celle de se terrer chez soi, à l’écoute de leurs hantises et de leurs spectres. Cette schizophrénie, Parker Finn la montre particulièrement bien à travers des séquences sans doute déjà destinées à devenir cultes : la séance de signatures et de photos avec les fans, le discours de cérémonie alors que le prompteur se coince, le concert final.

Car Smile 2 s’appuie sur un scénario remarquablement bien écrit qui dialogue avec deux autres films récents, Trap de M. Night Shyamalan et The Substance de Coralie Fargeat. On y trouve quantité d’éléments communs : la pop star en quête de sympathie, le concert devant un public d’adolescents, le discours à faire devant une assistance éberluée, et surtout la suspension d’incrédulité. Ces cinéastes vont ainsi légèrement trop loin, permettant de faire exploser les coutures bien trop sages du naturalisme. On sent aussi dans ces films une vraie jubilation à faire du cinéma qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Brian De Palma, l’un des plus grands cinéastes à s’être attaqué au genre du film fantastique et d’horreur.

A partir de ce moment, où le film bascule délicieusement dans une atmosphère de cauchemar poisseux et insoluble, peu importe que les effets horrifiques soient trop marqués, ou que telle créature soit trop sanguinolente, on se retrouve dans la peau de Skye Riley (remarquable et bluffante Naomi Scott, aux faux airs de Lady Gaga), pris dans le tourbillon de la tempête de son crâne, entre le fantôme de son ex dont elle a provoqué involontairement la mort et tous ceux qui lui veulent apparemment du bien : sa mère, son agent, sa meilleure amie, etc. Parker Finn démonte ainsi de manière brillante les ressorts du show business, l’univers en pleine déliquescence d’une des personnes les plus aimées de la planète qui ne rêve que d’une seule chose, reprendre le contrôle de sa vie.

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RÉALISATEUR : Parker Finn
NATIONALITÉ :  américaine 
GENRE : drame, horreur, thriller  
AVEC : Naomi Scott, Dylan Gelula, Rosemarie De Witt, Peter Jacobson, Drew Barrymore 
DURÉE : 2h07 
DISTRIBUTEUR : Paramount Pictures 
SORTIE LE 16 octobre 2024