Une jeunesse innocente, un coup de fil étrange et un tueur en série un peu gauche, le début d’un Scream se résume finalement en peu de mots. Si le tueur trébuche, le sort de la victime n’en est pas moins acté : d’une manière ou d’une autre, le couteau de « Ghostface » blesse ou tue. Si le registre est codifié, la bonne idée de Wes Craven fut de décaler légèrement l’angle d’attaque : Scream est un méta-slasher, un film conscient de lui-même. Une mise en abyme humoristique où règne une incertitude autour de l’identité du tueur : le coupable est un proche, aussi la tromperie est au cœur de ces spectacles sanglants. Dix ans après le dernier opus, ce cinquième épisode se veut être un hommage à la licence de Wes Craven, disparu en 2015. Un « requel » certes satisfaisant, mais dont la lame paraît aujourd’hui émoussée.
Qu’est qui distingue Woodsboro, Californie, des autres petites bourgades américaines ? Pour le savoir, il faut revenir vingt-cinq ans plus tôt et demander à Billy Loomis, le célèbre tueur en série. Il ne faut pas non plus oublier son camarade de tuerie, Stu Macher. Bien que tous deux décédés, ils n’appartiennent toutefois pas au passé : un visage connu des habitants de Woodsboro revient hanter la ville. Un groupe d’adolescents est pris pour cible, à commencer par Tara Carpenter. Heureusement, l’ancien shérif Dewey Riley est toujours dans les parages. Avec la survivante Sidney Prescott et la journaliste Gale Weathers, d’autres figures du passé, ils vont tenter de débusquer, à l’ancienne, ce tueur.
La caméra s’amuse des faux-semblants, de l’obstruction du regard, laissant à notre imagination le soin d’imaginer un tueur derrière absolument tout ce qui entoure les personnages. Si la mécanique fonctionne dans l’ensemble, le film ne renouvelle jamais vraiment les codes.
Comme pris dans une boucle meurtrière, Scream revient à la case départ : après un quatrième épisode drôle et efficace, réalisé par Wes Craven, la licence s’offre une cure de jouvence numérique en revenant aux origines, sans numéro. Un « requel », une œuvre quelque part entre une suite et un renouveau. Un peu à la manière de SOS Fantômes : L’Héritage, un pied dans le passé, l’autre dans le présent : une manière de raccrocher les wagons et d’explorer avec un nouveau regard une licence appréciée. Malheureusement, plus que la fraicheur, c’est souvent la nostalgie qui prime. Quelque part, Scream souffre de ce phénomène. Il reproduit globalement bien la tension de la série, mais ne parvient pas à s’extraire de son modèle. La caméra s’amuse des faux-semblants, de l’obstruction du regard, laissant à notre imagination le soin d’imaginer un tueur derrière absolument tout ce qui entoure les personnages. Si la mécanique fonctionne dans l’ensemble, le film ne renouvelle jamais vraiment les codes et se contente d’inscrire le film dans son temps. Le dernier épisode de Wes Craven s’était déjà attaqué aux réseaux sociaux, aussi le film semble bien en peine d’ajouter une nouvelle pierre à l’édifice Scream. Si l’hommage semble sincère et le plaisir de retrouver nos survivants préférés réel, la paresse semble toutefois l’emporter : tout sonne creux, à commencer par les personnages. En guise de cache misère, une pirouette macabre : plus d’hémoglobine.
De contemporain, Scream n’en a que la forme : la licence semble piégée dans le passé. Un divertissement aussi figé que le masque du célèbre tueur en série : un cri sans âme, mais dont on ne peut retirer une certaine efficacité, notamment en terme de tension. Une madeleine de Proust donc, aussi amusante qu’inoffensive.
RÉALISATEUR : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett NATIONALITÉ : américain AVEC : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette GENRE : Horreur DURÉE : 1h55 DISTRIBUTEUR : Paramount Pictures France SORTIE LE 12 janvier 2022