Pour son nouveau film, Junpei Matsumoto s’intéresse au thème du handicap, via le récit d’un enfant confronté à la cécité puis à la surdité. Dans cet enfer de l’obscurité et du silence se trouvent le courage et la résilience, celle d’un jeune homme qui n’est point fataliste face à l’adversité. Si son sujet est éminemment vaste, Satoshi se perd dans un lourd style copieusement mélodramatique, surtout dans sa première partie. Toutefois, la morale consiste ici à montrer du positif dans le négatif.
Satoshi est aveugle depuis ses 9 ans. Sa vie bascule une seconde fois à 18 ans, lorsqu’il perd l’audition. Accompagné par sa mère, il va réapprendre à vivre et s’évertuer à découvrir un nouveau sens à sa vie.
Satoshi est l’histoire d’une vie, racontée en plusieurs étapes, de l’enfance à l’âge adulte, et décrit ainsi l’évolution des handicaps. Un choix certes justifié, mais qui pâtit d’un segment introductif larmoyant.
La première partie évoque beaucoup de choses : cet enfant qui devient aveugle, une mère désarmée face à la progression de cette cécité, un père dépassé par les événements. Junpei Matsumoto parle de cet éclatement familial inévitable, de ce microcosme qui tente de faire face et instaure rapidement un climat propice au mélodrame dégoulinant et aux effets tire-larmes à répétition. La tristesse et le désarroi se ressentent, clairement, dans une sorte d’étalage émotionnel excessif, accentué par la sensation de voir le film Lorenzo de George Miller décliné dans une version japonaise. Le début du film raconte le combat des parents face au handicap, perdus dans la confusion des diagnostics, face à des médecins alarmistes qui énumèrent les quelques affections ophtalmologiques. Iritis, buphtalmie, incertitude du pronostic, tout est fait pour perdre l’esprit novice en la matière du spectateur. Dans ces scènes cruciales avec le personnel soignant, Junpei Matsumoto opte pour une surenchère d’émotions et choisit de créer une ambiance lourdement mélodramatique qui, souvent, annihile toute intention dramatique à force d’être constamment dans le pathos.
Heureusement que derrière cette introduction bien négative, se glisse une deuxième partie où le cinéaste se focalise plus sur la résilience et sur la solidité d’une relation mère-fils.
Junpei Matsumoto relate également cette proximité avec cette mère soucieuse et protectrice, se dévouant pour son fils et dévorant complètement un père qui s’efface progressivement. L’essentiel de la dramaturgie réside dans cette relation quasiment fusionnelle, l’un se nourrissant de l’autre, de sa force et de son courage pour tout affronter. Indéfectible soutien et personnage maternel présent, la mère est un socle pour Satoshi. Cette dernière partie est bien plus cérébrale, intéressante, moins larmoyante, puis aborde cette notion de résilience, seul moyen de survivre avec un handicap. Le développement montre un jeune homme qui décide de vivre malgré tout, de s’adapter même si les choses sont difficiles, et de ne pas laisser transparaître un seul soupçon de fatalisme. Satoshi passe souvent par des réflexions qui ressemblent à une psychologie de comptoir, mais elles sont bien révélatrices des multiples pensées positives qui envahissent le cerveau de Satoshi. Non seulement, cette partie relève sensiblement le niveau, mais elle met aussi en avant des philosophies de vie à méditer sereinement. Néanmoins, l’ensemble reste de facture classique, avec un scénario qui se concentre beaucoup sur les premières années de la vie de Satoshi, alors que son existence d’adulte est un peu négligée.
RÉALISATEUR : Junpei Matsumoto NATIONALITÉ : japonaise GENRE : Drame AVEC : Taketo Tanaka, Koyuki DURÉE : 1h52 DISTRIBUTEUR : Wayna Pitch SORTIE LE 28 février 2024