Sans signe particulier : parti sans laisser de traces

Pour traiter le problème récurrent des gangs et des cartels de drogue mexicains, Fernanda Valadez montre dans son remarquable premier film, Sans signe particulier, la quête déterminée et inflexible d’une mère, Magdalena, à la recherche de son fils Jesus disparu. Sur ce dossier de la violence des gangs, se greffe naturellement celui des personnes disparues dans cette interzone trouble entre le Mexique et les Etats-Unis, phénomène résultant souvent de cette violence systémique. Sans signe particulier se métamorphose au fil de sa durée, d’un drame social à un film d’horreur quasiment métaphysique, en passant par le road-movie, témoignant d’une virtuosité étonnante pour une première oeuvre.

Deux jeunes gens, Jesus et Rigo, quittent San Felipe au Mexique, pour trouver du travail en Arizona. Deux mois plus tard, le corps de Rigo est identifié ainsi que le sac de Jesus. La mère de Jesus, Magdalena, espère son fils toujours en vie et décide de partir à sa recherche. En parallèle, Miguel, un jeune mexicain, se fait expulser des Etats-Unis et reconduire à la frontière. Il prend le chemin du retour à son village Ocampo pour retrouver sa mère. Jesus ayant pris un bus pour passer la frontière, une employée explique à Magdalena que les passagers des bus disparaissent parfois sans laisser de traces et l’oriente vers Antonio Mateo, rescapé d’un détournement de bus. Magdalena doit se rendre à Ocampo puis rejoindre une communauté rurale La Fragua pour trouver Antonio Mateo. Elle rencontre sur sa route Miguel.

Pour un premier film, Fernanda Valadez, jeune réalisatrice mexicaine, fait preuve d’une maturité étonnante, en produisant et montant Sans signe particulier. Résultat du travail d’une équipe essentiellement féminine, cette oeuvre joint à la fois les qualités d’une poésie contemplative malickienne (les très beaux plans de nature durant la partie road-movie, dus à une magnifique photographie faisant ressortir les couleurs par la lumière bienveillante du soleil) et d’un suspense digne d’un film d’horreur, représentant de manière lynchienne la figure du Diable. Sans signe particulier prend son temps, avec une belle prise de conscience de la durée, pour mieux nous faire éprouver les difficultés de l’odyssée de Magdalena face à cette violence irrépréssible qui hante la société mexicaine. Un premier film très prometteur par le vécu et l’expérience qui s’en dégagent, et qui augure bien de la suite du parcours de cette réalisatrice inconnue qui ne le restera sans doute pas.

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RÉALISATEUR : Fernanda Valadez 
NATIONALITÉ : Mexicaine
AVEC :  Mercedes Hernández, David Illescas, Juan Jesús Varela
GENRE : Drame
DURÉE : 1h35
DISTRIBUTEUR : Bodega Films
SORTIE LE 22 septembre 2021