Sept ans après son premier long-métrage Dealer, Jean-Luc Herbulot revient à l’Étrange Festival avec l’une des séances les plus attendues de cette 27ème édition : celle de son nouveau long-métrage produit et tourné au Sénégal, Saloum. Avec entre les mains un véritable projet sélectionné au Toronto International Film Festival, le réalisateur franco-sénégalais et son équipe passionnée présentent au Forum des Images un film d’action accrocheur, où les décors naturels et les personnages charismatiques donnent la réplique aux esprits vengeurs et au spectre de la violence politique.
Les hyènes de Bangui sont un groupe de mercenaires insaisissables, dont les hauts faits sont racontés sur tous les feux de camps et extrapolés par le mythe et le bouche-à-oreille. Cependant, de nos jours, personne ne sait comment les mercenaires ont disparu et cessé leurs activités. Et si, quelques années plus tôt, le groupe s’était déchiré ? Et si leur existence avait été effacée par des esprits vengeurs – et si leur souvenir même avait sombré quelque part dans le delta de Saloum ?
Jean-Luc Herbulot livre avec Saloum un film attachant, dont l’enthousiasme et l’ardeur se font sentir à chaque plan. Avec une ferveur contagieuse, l’équipe du film livre une œuvre sympathique et crée le cinéma qu’elle aime, aboutissant à un résultat plaisant qu’on gardera en tête avec beaucoup d’affection – malgré quelques faiblesses narratives négligeables.
Loin d’être timide avec le cinéma de genre, Saloum ratisse large et s’essaye à différents styles non sans réussite. Commençant son récit comme un western, Jean-Luc Herbulot bascule tantôt dans le film d’action avec caméra dynamique et montage saccadé, tantôt dans une ambiance de film d’espionnage où chacun de ses personnages joue un double jeu – avant de virer complètement dans le fantastique et dans le genre du film de vengeance. Prenant un véritable plaisir à jouer sur tous les tableaux, Saloum donne le sentiment d’avoir affaire à un réalisateur amoureux aussi bien de tous les cinémas, mais aussi amoureux du Sénégal – de la beauté de ses décors, de la richesse de son histoire politique et spirituelle mais aussi de son potentiel cinématographique. Un amour du cinéma sans complexes qui permet à Jean-Luc Herbulot et ses acteurs de créer une galerie de personnages hauts en couleurs, charmeurs dans leur verbe et attachants dans leur dégaine unique. Mention spéciale pour Yann Gael en leader charismatique aux gants de cuir, et Roger Sallah en bandit charmeur aux allures de Barracuda dans l’Agence Tous Risques – mais sapé en Versace.
Ne se contentant pas de rendre hommage à tous les cinémas de genre, Saloum se donne en plus les moyens de montrer sa passion, investissant une énergie assez impressionnante au niveau de sa bande-son et de ses effets spéciaux. À ce titre, la scène d’ouverture du film, où les rythmes syncopés des tambours africains s’harmonisent avec les fusils automatiques des Hyènes de Bangui, est particulièrement remarquable. Les effets spéciaux ne sont pas en reste dans la deuxième moitié du film, où les esprits bourdonnant du Saloum viennent tourmenter le leader du trio de mercenaires. Si la bande-son est plutôt remarquable, malheureusement le mixage sonore l’est un peu moins, surtout dans les dialogues qui, bien que très écrits, sont parfois difficiles à suivre avec la superposition de toutes les ambiances sonores. Pareillement, au niveau du scénario, l’influence de tant de genres narratifs rend parfois l’histoire dure à suivre, notamment lorsque l’intrigue se plaît à explorer sans retenue des pistes narratives divergentes. En un sens, Saloum trébuche sur ses propres ambitions, butant parfois lors de scènes décousues ou de passages avec une bande-son un peu surchargée – des défauts cependant négligeables face à la passion qui se dégage du film, et donc un faible prix à payer pour une œuvre dont le plaisir à jouer de toutes les cartes est agréablement contagieux. Néanmoins, lors de la projection à laquelle nous avons pu assister, certains sous-titres étaient manquants, suite à un problème technique, ce qui pourrait expliquer notre impression de narration légèrement décousue.
Passionné par les décors du Sénégal et amoureux des cinémas de genre, Jean-Luc Herbulot livre avec Saloum un film attachant, dont l’enthousiasme et l’ardeur se font sentir à chaque plan. Avec une ferveur contagieuse, l’équipe du film livre une œuvre sympathique et crée le cinéma qu’elle aime, aboutissant à un résultat plaisant qu’on gardera en tête avec beaucoup d’affection – malgré quelques faiblesses narratives négligeables.
RÉALISATEUR : Jean-Luc Herbulot NATIONALITÉ : Sénégalaise AVEC : Yann Gaël, Roger Sallah, Mentor Ba GENRE : Thriller, Fantastique DURÉE : 1h23 DISTRIBUTEUR : Inconnu SORTIE LE Prochainement