Le Reims Polar continue de dérouler sa programmation, avec un film épatant, une des meilleures œuvres de Paolo Sorrentino, et la présentation en avant-première de Sons, de Gustav Möller, avec Sidse Babett Knudsen.
The Last Stop in Yuma County, de Francis Galluppi, est l’une des belles découvertes de ce Reims Polar. Polar teinté d’une violence brute et non dénué d’humour, ce huis-clos qui se passe dans un restaurant situé en plein désert oppose un duo de braqueurs et des clients attablés attendant un camion-citerne rempli d’essence. Le cinéaste propose un cocktail habile d’action, un climat tendu et une ambiance détonante de prise d’otages dirigée par des malfaiteurs fous de la gâchette. Après un début qui mélange ironie, parodie et un ton comique assumé, Francis Galluppi choisit de mettre en place un récit à la manière de Sam Peckinpah, sauvage et violent. Le film rappelle certains détails de La Horde sauvage, mais aussi du film Les Chiens de paille, notamment avec cette opposition entre étrangers et autochtones inquiétants ou dérangés.
Après ce déferlement de sauvagerie, Paolo Sorrentino adoucit l’atmosphère, avec Les Conséquences de l’amour, film noir à l’italienne, avec un Toni Servillo magistral dans ce rôle d’homme confiné dans un hôtel, chargé par la Mafia de déposer des millions d’euros dans une banque. Assis dans un coin, sur un fauteuil confortable, bien habillé et fumant souvent une cigarette, le personnage ressemble à un parrain sicilien énigmatique et au business douteux, mais qui se trouve être piégé par la Cosa Nostra. Taiseux, loin de sa famille avec qui il entretient une relation instable, Titto Di Girolamo se retrouve pris dans un étau, coincé entre sa condition fragile et son désir de sortir des griffes de la Mafia. Paolo Sorrentino tisse une histoire d’amour avec une serveuse de l’hôtel, un prétexte pour sortir de l’enfermement. Les Conséquences de l’amour est un polar fin, subtil, dramatique qui raconte l’emprise des organisations mafieuses encore actives en Italie.
Enfin, Gustav Möller et Sidse Babett Knudsen ont présenté, devant une salle remplie, Sons. Le film narre le récit d’une gardienne de prison qui voit le meurtrier de son fils être transféré dans sa prison. Le réalisateur de The Guilty ne produit pas d’étincelles, malgré la présence flamboyante de l’actrice de Borgen ou de La Fille de Brest. La mise en scène alterne entre plans fixes, larges, fige le regard vengeur de cette Eva, mais la tension est inexistante. Gustav Möller dilue son propos dans un traitement qui oscille entre complaisance et ambiguïté, ou met en avant une vision discutable.