Une première belle journée de projections s’achève au Festival Reims Polar. Le cinéma Operaims offre l’opportunité d’entrer dans ses onze salles, afin de découvrir des œuvres fortes, polars âpres, tendus, violents. Ce fut le cas avec le très provocant ACAB All Cops are bastards, de Stefano Sollima. Dans ce film prenant place au sein d’une compagnie de CRS italienne aussi bouillonnante que virulente, le cinéaste dresse un constat accablant, celui d’une Italie rongée par l’insécurité, et surtout par les tentations fascistes, xénophobes affichées fièrement par ces policiers ayant la nation chevillée au corps. Aveuglés par cette notion de sécurité et l’attachement aux valeurs patriotiques, ils sont l’exemple parfait d’une société italienne en proie à la violence, à la montée des idées extrémistes, et le rejet massif de l’immigration. Rude et aussi dérangeant, ce film percutant dévoile la face sombre de la police, entre maintien de l’ordre et opinions politiques bien douteuses. Le titre est il véridique ? À vous de juger ! Le fait est que Stefano Sollima écorne l’image du système policier, dont la déontologie est souvent manquante. Film dérangeant et très brut , ACAB All Cops are bastards possède de quoi nous interroger sur cette violence gangrénant l’Italie . En tout cas, il montre une opposition forte entre les forces de l’ordre et les groupuscules réactionnaires conspuant l’inaction du gouvernement face à l’insécurité.
Ensuite, Goliath de Adilkhan Yershanov, propose non pas des coups de matraque, mais le bruit d’une mitraillette , celle de Pochaiev, sorte de seigneur local, un chef de gang dominant toute une région. Dans les mornes paysages du Kazakhstan, le metteur en scène déploie son art de la mise en scène pour raconter ce récit troublant, cette loi imposée par un caïd avide de pouvoir et contrôlant tout, quitte à tuer hommes et femmes pour accentuer sa domination. Entre soif de vengeance et désir de justice, ce Goliath rend honneur aux plus faibles, ceux qui veulent être libres et tuer un colosse aux pieds d’argile. Polar radical et tranchant dans le vif, c’est aussi grâce au talent d’Adilkhan Yershanov qu’il réussit à convaincre, lui qui devient un cinéaste spécialiste de ce genre. Cette histoire de parrain, d’un seigneur régnant par les armes et l’intimidation, instaure un climat de saleté et de puanteur , une atmosphère propice à cette intrigue malsaine où la loi d’un seul homme écrase tout , avec effusions de sang.