En six épisodes, Pure est une série intéressante pour le sujet qu’elle traite – les troubles obsessionnels compulsifs- et la manière dont ceux-ci sont mis en scène – sous forme d’inserts ou flashes sexuels rapides. Adaptée du roman éponyme de Rose Cartwright, ce récit d’apprentissage d’une jeune britannique qui souffre de TOC offre un angle intéressant pour explorer les relations humaines. Malheureusement, la série souffre d’une structure narrative un peu trop molle (sans jeu de mots!) et de personnages secondaires assez peu attachants.
Marnie, jeune écossaise de 24 ans, est perpétuellement envahie par des pensées intrusives angoissantes à caractère sexuel au contact de son entourage ou d’inconnus, hommes, femmes, jeunes ou vieux. Quand ces pensées, dont elle ne parle à personne, commencent à concerner ses parents, elle décide de déménager à Londres pour s’éloigner d’eux et tenter de comprendre son problème.
Là où la pathologie de Marnie nous semble évidente par la répétition très exagérée de ses TOC, elle nous interroge, nous, parfois victimes de ces pensées et questionnements, sur notre sexualité, mais aussi sur ce qu’est la norme, ou sur la manière dont la société accueille les personnes atteintes de ce type de trouble méconnu et très incompris.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), qui font partie des troubles anxieux, se caractérisent par des obsessions, pensées envahissantes angoissantes, et des compulsions, c’est-à-dire une envie irrépressible de réaliser des gestes répétitifs ou des actes mentaux (comme compter, réciter intérieurement une phrase, etc.). La mise en scène de ces pensées, ici purement à caractère sexuel, consiste en l’apparition brutale, au beau milieu d’une conversation par exemple, de plans très courts et très explicites d’actes sexuels avec son interlocuteur. L’effet est plutôt déroutant au premier épisode, mais s’avère être assez efficace pour signifier à nous, spectateurs, l’anxiété générée par ce type de pensées, qui va la mener à se mettre à dos tous ses anciens et nouveaux amis, et à avoir un penchant marqué pour l’alcool. En dehors des TOC, le procédé de mise en scène reste classique.
Ainsi, Marnie qui n’a jamais vraiment eu de vie sexuelle auparavant, part explorer sa sexualité dans l’immensité de la capitale britannique. Les pensées envahissantes concernent parfois des femmes : est-elle lesbienne ? Son collègue de travail semble lui plaire, son cœur palpite, ses lèvres se dilatent, elle s’imagine faire l’amour avec lui : ses pensées sont-elles la conséquence de ses TOC ou de son désir ? Là où la pathologie de Marnie nous semble évidente par la répétition très exagérée de ses TOC, elle nous interroge, nous, parfois victimes de ces pensées et questionnements, sur notre sexualité, mais aussi sur ce qu’est la norme, ou sur la manière dont la société accueille les personnes atteintes de ce type de trouble méconnu et très incompris.
Malheureusement, Pure (dont la saison 2 ne verra jamais le jour) souffre d’une qualité plutôt inégale entre les épisodes, et d’un fil rouge narratif unique (Marnie tentant de se trouver une place quelque part dans un monde qui ne la comprend pas) peu suffisant à créer des enjeux réels accrochant le spectateur. D’autant que l’éventail de personnages secondaires, peu intéressants, ne fait que servir une mécanique narrative assez évidente (un accro au porno rencontré dans un cercle de parole, le « good guy » empathique, la vieille copine incapable de comprendre son problème…).
La performance de Charly Clive, offrant au personnage de Marnie une jolie palette de couleurs émotionnelles, est à saluer cependant, Tout autant que l’idée originale de traiter du sujet de la santé mentale sous forme de récit initiatique sexuel sans tomber dans la stigmatisation, qui, s’il ne plaira pas à tout le monde, sensibilisera au moins davantage le grand public aux troubles obsessionnels compulsifs, et à la manière d’apprendre à co-habiter avec une pathologie psychiatrique.
SHOWRUNNER : Kristie Swain NATIONALITÉ : Britannique AVEC : Charly Clive, Joe Cole, Kiran Sonia Sawar, ... GENRE : Comédie DURÉE : 6x30mn, une saison DISTRIBUTEUR : Arte SORTIE LE 16 septembre 2022