Présenté en Séance de minuit au Festival de Cannes 2023, Project Silence est l’un des sept films sud-coréens invités sur la Croisette, mais s’inscrivant dans une tradition maintenant bien ancrée, la sélection hors compétition en nocturne. Que l’on se souvienne du Dernier train pour Busan en 2016, de The Spy Gone North en 2018 ou encore de Hunt, l’an passé. Ces exemples témoignaient de la vitalité du cinéma de la péninsule, par le biais de films de genre réjouissants et qui constituaient, parfois, de vraies propositions de mise en scène.
Sur un tel canevas (qui ne brille pas par son originalité, avouons-le), le spectateur est en droit d’attendre une bonne série B, vive et énergique, rondement menée. A l’écran, malheureusement, il n’en est rien. Ou tout le contraire, selon le point de vue.
A Séoul, le brouillard cause un gigantesque accident sur un pont. Alors que celui-ci menace de s’effondrer, des bêtes inconnues enfermées dans un fourgon de l’armée se retrouvent libérées au milieu des survivants qui deviennent les cibles. Sur un tel canevas (qui ne brille pas par son originalité, avouons-le), le spectateur est en droit d’attendre une bonne série B, vive et énergique, rondement menée. A l’écran, malheureusement, il n’en est rien. Ou tout le contraire, selon le point de vue. Project Silence réussit même le pari d’interroger le spectateur sur les raisons (et la pertinence) d’une sélection officielle dans l’un des plus grands festivals de cinéma. L’échec du long métrage est d’abord à imputer à son scénario et à la structure même du récit, vu et revu : des chiens programmés pour tuer hors de contrôle, une situation qui échappe aux autorités (ici des militaires), des personnages aux profils hétérogènes bloqués dans un lieu donné…
Si tous les ingrédients d’un film haletant et efficace sont bien là (explosions, brouillard épais, monstres), il est assez effarant de constater à quel point le cinéaste se retrouve dans l’incapacité d’en tirer le moindre profit. Pire, il a visiblement enclenché le pilotage automatique,
Si tous les ingrédients d’un film haletant et efficace sont bien là (explosions, brouillard épais, monstres), il est assez effarant de constater à quel point le cinéaste se retrouve dans l’incapacité d’en tirer le moindre profit. Pire, il a visiblement enclenché le pilotage automatique, si bien que l’ensemble devient à la fois prévisible, assez inintéressant et quasiment atone. Le comble pour une fiction conçue comme un huis clos dans lequel l’action est censée en être l’essence même, sans véritables temps morts (si ce n’est de pseudo explications politiques qui se voudraient subversives ou des considérations psychologisantes sans grand intérêt).
Mais visiblement, ils n’intéressent pas Tae-gon Kim, trop occupé à mettre en scène des personnages archétypaux et sans grande profondeur, dans une surenchère permanente de péripéties et d’explosions rendant le tout bien peu crédible
Un peu comme Acide de Just Philippot (autre Séance de minuit cannoise), les effets spéciaux, notamment les chiens (numériques et assez moches), auraient pu à eux seuls rattraper la pauvreté de l’ensemble. Mais visiblement, ils n’intéressent pas Tae-gon Kim, trop occupé à mettre en scène des personnages archétypaux et sans grande profondeur, dans une surenchère permanente de péripéties et d’explosions rendant le tout bien peu crédible. On pense alors à ce qu’aurait pu faire d’autres cinéastes d’un tel canevas.
Le spectateur se retrouve devant un produit sans saveur, au message frelaté et bien peu original, confrontant les hommes aux animaux (eux-mêmes exploités par les élites à des fins douteuses), les gens (plus ou moins) ordinaires aux autorités corrompues et sans scrupules. Bien peu pour apprécier ce pénible Project Silence.
RÉALISATEUR : Tae-gon Kim NATIONALITÉ : Corée du Sud GENRE : Thriller, Epouvante-horreur, Fantastique AVEC : Sun-kyun Lee, Ji-hoon Ju, Hee-won Kim DURÉE : 1h41 DISTRIBUTEUR : KMBO SORTIE LE 21 août 2024