Paternel : au nom du père et du fils

Pour sa première réalisation, Ronan Tronchot scrute la religion à la loupe, en évoquant l’histoire d’un prêtre qui doit faire face à sa paternité. De ce sujet matière à débat et aux polémiques découle un film souvent laborieux qui ne risque pas du tout d’ébranler la sacro-sainte religion chrétienne et les règles imposées par le Vatican. Malgré un impeccable Grégory Gadebois, Paternel se noie sous un déluge de sermons religieux.

Dans une petite ville du centre de la France, Simon est un prêtre dévoué à sa paroisse. Au cours d’une messe, Louise, qu’il n’avait pas revue depuis son séminaire, il y a des années, refait surface. Elle lui présente Aloé, enfant de 11 ans, dont il est le père. Cette nouvelle va bouleverser son quotidien : peut-il être un bon prêtre pour ses fidèles, et un bon père pour son enfant ? Simon va tenter de convaincre les plus hautes instances de l’Église que sa vocation est compatible avec l’amour paternel.

Paternel évoque la question des relations filiales au sein de l’Église, en diffusant un message bien inoffensif, qui ne fait véritablement qu’enfoncer des portes ouvertes.

Que retenir de ce petit film qui raconte le récit de cet homme de Dieu, prêtre depuis 11 ans, qui rencontre fortuitement son fils dont il ignorait l’existence ? Pas grand-chose, à part la certitude de voir une œuvre qui n’apporte pas de réponse à cette question essentielle. Le sujet fait écho à certaines actualités récentes, et ce désir de changer le règlement de l’Église catholique dominé par la vie consacrée. Toutefois, Ronan Tronchot introduit maladroitement son sujet, avec cette scène où Simon rencontre son garçon en pleine cérémonie d’enterrement, un passage farfelu qui symbolise les défaillances criantes d’un récit mal conduit. Le reste de ce long-métrage ne fait que confirmer les craintes liées à une entame balbutiante, entre dialogues moralisateurs ou sévèrement insignifiants et une quasi-abstraction de la psychologie la plus élémentaire. L’histoire ne produit que peu d’étincelles et souffre constamment d’épaisseur scénaristique et de contextualisation. Ainsi, Paternel souhaite jeter un gros pavé dans la mare, mais son message reste clairement inaudible, invisible, et surtout trop sage pour espérer chambouler tout un système ou éveiller les consciences sur ce thème délicat. Avec un classicisme lénifiant, le film déroule son chemin de croix, avec ce duo Grégory Gadebois-Géraldine Nakache qui ne fait que peu de miracles. Quant à la soi-disant relation avec ce fils qui surgit de nulle part, le réalisateur n’en fait absolument rien, préférant se contenter de filmer le morne intérieur d’un presbytère ou de livrer un grand cours de catéchisme et d’enseignement du droit canonique. En somme, il s’agit plus de donner une leçon de christianisme que de montrer le désir fantomatique d’un prêtre pris dans un dilemme.

Paternel passe à côté d’un sujet intéressant mais compile les quelques défauts symptomatiques d’un premier film.

Les intentions sont bonnes, néanmoins l’exécution laisse à désirer, avec une mise en scène qui manque de mordant et la nette impression de subir un rythme alternant entre mollesse et sagesse, un aspect si sage qui contraste douloureusement avec la portée symbolique de l’histoire. Paternel est bien trop timide ou inoffensif pour convaincre. Ronan Tronchot accumule les scènes superflues, vides ou lentes, avec un académisme débordant qui ne traduit aucunement la primauté du récit. L’œuvre a bien du mal à faire avaler l’hostie et se transforme en chemin de croix, un calvaire tout juste bon à décrire les rouages du catholicisme, un premier film qui fait office d’essai manqué dans lequel le cinéaste mélange tout, la paternité, l’IVG, sans cohérence et avec quelques grosses ficelles. La bonhomie de Grégory Gadebois ne produit rien. Souvent cantonné aux seconds rôles, il est fort dommage que l’acteur français ne trouve encore pas un premier rôle dans un film digne de ce nom.

0.5

RÉALISATEUR : Ronan Tronchot
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Drame
AVEC : Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Lyes Salem
DURÉE : 1h33
DISTRIBUTEUR : KMBO
SORTIE LE 27 mars 2024