Parthenope : toute la beauté du vide

Le lauréat du Prix du Jury lors du Festival de Cannes 2008 pour Il Divo revient cette année pour présenter Parthenope en compétition. Très attendu sur la Croisette, le film du cinéaste italien explore l’anthropologie, la mythologie, le mythe de la sirène et veut représenter l’image de la femme-déesse. Derrière la beauté des paysages se cache cependant une proposition cinématographique insatisfaisante. Paolo Sorrentino ne retrouve pas sa gloire d’antan, du temps de Les Conséquences de l’amour.

La vie de Parthénope de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine dépourvue d’héroïsme mais éprise de liberté, de Naples, et d’amour. Les amours vraies, indicibles ou sans lendemain qui vous condamnent à la douleur mais qui vous font recommencer. Le parfait été à Capri d’une jeunesse insouciante malgré un horizon sans issue. Autour de Parthénope, les Napolitains. Scrutés, aimés, désillusionnés et pleins de vie, que l’on suit dans leurs dérives mélancoliques, leurs ironies tragiques et leurs moments de découragement. La vie peut être très longue, mémorable ou ordinaire. Le temps qui passe offre tout le répertoire des sentiments. Et là, au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcelle, enchante, hurle, rit et peut nous faire mal.

Parthenope se résume par une vacuité sidérante et une propension à établir une sorte de fresque vaine.

Dans la mythologie grecque, le nom de Parthenope désigne plusieurs choses, dont une sirène, fille de Melpomène et d’Acheloos. Paolo Sorrentino filme cette femme, très belle, séduisante et attirante, qui devient une source de désir pour les hommes. En cela, le mythe de la jolie naïade attractive est bien représenté, sans les fameux chants. On la voit prendre une pose lascive, et les hommes se ruent sur elle pour l’inviter à danser. À part les images de la magnificence féminine, que le réalisateur se plaît à filmer en gros plans, presque au ralenti, Parthenope ne contient rien qu’un océan de vacuité, avec un propos d’un vide abyssal caché par les sublimes paysages grecs et le beau bleu de la mer. La première partie excelle dans le documentaire naturel qui fait office de belle carte postale, mais échoue à produire un récit digne d’intérêt, celui-ci n’étant ni plus ni moins qu’un brouillon informel et inintéressant sur l’histoire d’une femme moderne courtisée et vénérée par la caste masculine. Ainsi, Paolo Sorrentino mise tout sur les qualités esthétiques qui effacent la misère du propos, car Parthenope ne parle en réalité de pas grand-chose et est juste une fresque mythologique ratée transposée à notre époque. La beauté ne fait pas tout, encore faut-il avoir un bon scénario.

Paolo Sorrentino ne retrouve pas le niveau de ses anciennes productions et ne maîtrise plus son cinéma, qui semble perdu depuis quelques années.

On retrouve un élément de son style, avec notamment ce personnage de John Cheever (Gary Oldman), un écrivain distingué, tenant élégamment une cigarette, qui ressemble à Titta dans Les Conséquences de l’amour. Cependant, l’acteur américain n’apparaît que très peu dans ce film. Son apparition famélique est tout aussi incompréhensible que le reste de l’œuvre, et participe au néant brumeux qui enveloppe l’histoire. Seulement deux scènes, et puis s’en va, autant dire que l’apport de ce personnage est totalement inexistant. Alors que la première partie ressemble à une pâle copie désordonnée de Pandora, avec ses beaux décors, la maison confortable et une femme qui attise toutes les convoitises, mais sans le Hollandais volant, la seconde partie s’effondre brutalement. Paolo Sorrentino perd le fil conducteur, et se noie sous un déluge de considérations religieuses, mythologiques et anthropologiques qui font de Parthenope un ersatz de fresque vaine, pompeuse et ennuyeuse. Le scénario ne privilégie que la beauté de l’actrice principale, mais pas la forme ou le fond, et contient la question suivante : qu’est-ce que l’anthropologie? Une interrogation qui subsiste tout au long du film, dont la réponse est péniblement donnée et sonne comme une libération intellectuelle, après plus de deux heures de réflexions inutiles.

1.5

RÉALISATEUR : Paolo Sorrentino
NATIONALITÉ :  Italie
GENRE : Drame
AVEC : Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman
DURÉE : 2H20
DISTRIBUTEUR : Pathé
SORTIE LE