Other, like me : wreckers of civilisation

À la suite de Delia Derbyshire : the myths and legendary tapes, l’Étrange Festival propose pour sa 27ème édition un deuxième documentaire sur l’histoire de la musique électronique, Other, like me, réalisé par Marcus Werner Hed et Dan Fox. Un documentaire qui a su trouver sa place dans la programmation hétéroclite du festival grâce à son sujet : les deux réalisateurs y revenaient sur les débuts et l’histoire de Throbbing Gristle, un groupe d’artistes performers chaotiques et provocateurs, quelque part entre musique électronique, pornographie et auto-mutilation. Un documentaire sobre mais précieux sur un groupe obscur qui, à force de vivre dans le présent, a fini par disparaître dans le passé.

Hull, au Nord de l’Angleterre. Dans cette ville de campagne aux apparences ordinaires, un groupe de jeunes sauvages sème la pagaille : se regroupant derrière le nom COUM Transmissions, vivant dans une commune sans toit à 17 chambres, les freaks de la ville se retrouvent comme naturellement dans un collectif prêt à toutes les excentricités pour sortir l’art de ses carcans et donner aux exclus un endroit où créer avec d’autres semblables. C’est dans cette ville que germe l’un des groupes de performance et de musique les plus novateurs de la musique des années 1970 : Throbbing Gristle. Pour la première fois, un documentaire revient sur l’histoire chaotique et fragmentaire de ce groupe – donnant la voix directement à plusieurs de ses principaux contributeurs.

Other, like me est un documentaire solide, presque modèle dans sa capacité à recueillir des témoignages et à les articuler à des archives visuelles et sonores – de surcroît pour un groupe dont la nature même de son art l’ancrait dans le présent et rendait donc tout regard rétrospectif particulièrement difficile.

Simple mais efficace, voilà ce qui suffirait à décrire Other, like me. Le film de Marcus Werner Hed et Dan Fox brille en effet plus par sa fidélité à l’histoire du groupe et par sa méthode documentaire que par des effets de construction ou de mise en scène. Laissant pleinement la place à la parole des artistes ayant participé à COUM Transmissions et Throbbing Gristle, les réalisateurs leur laissent amplement se souvenir de leur travail, comblant les vides avec des documents d’archives, faisant se confronter des souvenirs parfois divergents tout en gardant un recul critique. Avec respect et attention, le film permet de tisser lentement mais sûrement l’histoire d’un groupe de musique comme aucun autre. On pourrait être tenté de penser qu’en cela Other like me est un film banal, mais ce serait oublier l’extrême difficulté que représentait le travail documentaire sur des groupes aussi épars et chaotiques que COUM Transmissions et Throbbing Gristle. La simplicité du film est donc son plus grand mérite : celui d’avoir su historiciser et retracer le parcours d’un collectif dont le chaos créateur -et destructeur – se trouve au fondement même de son art.

Other like me est un documentaire solide, presque modèle dans sa capacité à recueillir des témoignages et à les articuler à des archives visuelles et sonores – de surcroît pour un groupe dont la nature même de son art l’ancrait dans le présent et rendait donc tout regard rétrospectif particulièrement difficile. On ne peut donc que saluer le travail de Marcus Werner Hod, qui fournit une discographie particulièrement complète de Throbbing Gristle ainsi qu’une banque d’images remarquable.

3.5

RÉALISATEUR :  Marcus Werner Hed, Dan Fox
NATIONALITÉ : Britannique
AVEC : 
GENRE : Documentaire
DURÉE : 1h20
DISTRIBUTEUR : Inconnu
SORTIE LE Prochainement