Après la mélancolie poignante de La Vie invisible d’Eurídice Gusmão et le faste du Jeu de la Reine, voici déjà de retour Karim Aïnouz avec un petit thriller moite, Motel Destino. Ne le cachons pas davantage, ce n’était pas un service à rendre à Karim Aïnouz car Motel Destino est sans doute le plus mauvais film de la compétition, au 77ème Festival de Cannes, au point qu’on s’interroge fortement sur les raisons qui ont pu présider à sa sélection. Motel Destino déroule son petit programme infiniment prévisible de sexe, jalousie et violence, sans que cela surprenne le moins du monde.
Ceará, côte nord-est du Brésil. 30 degrés toute l’année. Chaque nuit, au Motel Destino, se jouent à l’ombre des regards de dangereux jeux de désir, de pouvoir et de violence. Un soir, l’arrivée du jeune Heraldo vient troubler les règles du motel. Heraldo se fait piquer tout son argent par une conquête de passage. Il se fait embaucher au Motel Destino et finit par semer la zizanie entre Dayana et Elias, le couple de propriétaires.
Motel Destino déroule son petit programme infiniment prévisible de sexe, jalousie et violence, sans que cela surprenne le moins du monde.
Cette année à Cannes, certains films ont été remarqués pour leur folie des grandeurs (Megalopolis) ou leur insignifiance (Parthenope). Aucun, pourtant, ne voyait remise en cause sa place en compétition. Personne n’allait dénier à Coppola ou Sorrentino leur légitimité à concourir. En revanche, pour Motel Destino, d’un niveau assez faible, on était nombreux à se demander pourquoi il a bien pu être retenu en sélection. Plusieurs réponses sont possibles :
1) C’est l’application de la politique des quotas. Cannes étant un Festival international, il fallait une représentation du cinéma sud-américain, tout comme l’on ménage, lorsque c’est possible, une place pour le cinéma africain. Le film d’Aïnouz était peut-être le seul d’une qualité relativement acceptable à être disponible sur la période.
2) Aïnouz ayant déjà été sélectionné à deux reprises et ayant remporté le Prix Un Certain Regard pour La Vie invisible d’Eurídice Gusmão, il fait désormais partie des habitués cannois, qu’on essaie de fidéliser et de faire revenir à chaque édition, quasiment quel que soit le film.
3) Il fut un temps où la case de programmation du dernier mercredi soir semblait dévolue au film susceptible d’obtenir la Palme. Ce fut le cas pour La Vie d’Adèle Chapitres 1 et 2 et aussi pour Mommy qui n’obtint « que » le Prix du jury ex aequo avec Adieu au Langage de Jean-Luc Godard. Aujourd’hui cette case semble réservée aux sensations érotiques qui viennent relancer la libido du festivalier en berne. Dans ce registre, Motel Destino paraît plutôt sordide et peu attractif.
Rajoutons pour finir que certains plans du film sont constitués de flashes dangereux pour les personnes sujettes à des crises d’épilepsie, ce qui n’arrange pas les choses.
RÉALISATEUR : Karim Aïnouz NATIONALITÉ : brésilienne GENRE : thriller, érotique AVEC : Iago Xavier, Nataly Rocha, Fábio Assunção DURÉE : 1h55 DISTRIBUTEUR : Tandem SORTIE LE Prochainement