Etant le succès considérable du personnage de Spider-Man, il est compréhensible que Sony tente de développer l’univers partagé Sony Spider-Man’s universe regroupant des personnages en lien avec Spider-Man, la plupart du temps ses principaux opposants. Morbius en fait partie. Personnage de vampire malgré lui, il permet d’opérer une jonction originale entre les films de super-héros et l’univers de Twilight, Buffy contre les vampires ou Dracula. En dépit de prémices intéressantes, Morbius échoue à maintenir un intérêt continu, en raison d’un scénario particulièrement inconsistant.
Atteint d’une maladie du sang rare, le biochimiste Michael Morbius tente de se soigner. Il est déterminé à sauver les nombreuses victimes de cette pathologie mais s’infecte par inadvertance avec une forme de vampirisme.
Devenus adultes, les personnages ne gagnent pas en consistance tandis que le scénario s’évapore en se résumant en un simple affrontement de frères ennemis sous l’arbitrage d’un père putatif
Le Sony Spider-Man’s universe regroupe déjà deux volets consacrés au personnage de Venom, qui n’étaient déjà guère appréciés par la critique. Morbius commence pourtant plutôt bien en se focalisant sur deux enfants atteints de la même maladie du sang, obligés de vivre leur existence en retrait des autres, martyrs souffrant du même handicap. Même si ce type de développements repose sur des fondements mélodramatiques relativement compassés, il ne représentait pas pour autant une mauvaise base narrative. L’atmosphère assez grise, en couleurs froides, pouvait également faire illusion, par une photographie plutôt réussie. Hélas, trois fois hélas, devenus adultes, les personnages ne gagnent pas en consistance tandis que le scénario s’évapore en se résumant en un simple affrontement de frères ennemis sous l’arbitrage d’un père putatif, un conflit qui rappelle de loin la dualité Thor/Loki en aussi primaire et peu intéressant.
Depuis Batman Begins, de Christopher Nolan, les plans répétitifs de nuées de chauve-souris, certes jolis, lassent franchement, ainsi que les transformations à vue en vampires. On peut s’interroger d’ailleurs sur cette tendance à enlaidir de manière absolument peu ragoûtante les personnages de comics, tendance initiée par Venom sur grand écran. Pas de chance pour Jared Leto qui tire une nouvelle fois la mauvaise pioche après son Joker anecdotique et raté de Suicide Squad. Pourtant il eût été possible d’apporter une véritable profondeur à Morbius, cet anti-héros condamné par une maladie du sang, une densité existentielle qui peine à apparaître en dépit de regards éplorés de Jared Leto. Les scènes post-générique représentent peut-être le véritable intérêt du film, rattachant via la présence de Michael Keaton, l’opus de Morbius à la saga Spider-Man version Tom Holland. Il paraîtrait que les scénaristes de Morbius se sont penchés également sur la naissance de Madame Web, prochainement incarnée par Dakota Johnson. On espère qu’ils se sont montrés à cette occasion bien plus inspirés.
RÉALISATEUR : Daniel Espinosa NATIONALITÉ : américaine AVEC : Jared Leto, Matt Smith, Adria Arjona, Jared Harris GENRE : film de super-héros DURÉE : 1h48 DISTRIBUTEUR : Sony Pictures Entertainment SORTIE LE 30 mars 2022