Depuis quelques temps, on assiste à une recrudescence de documentaires montrant le quotidien des artistes musicaux sur les plateformes. On peut citer notamment Gaga : Five Foot Two, Homecoming : un film de Beyoncé ou plus récemment Angèle sur Netflix. Si Montre jamais ça à personne, disponible sur Amazon Prime Vidéo depuis le 15 octobre, se démarque c’est d’abord par son format – une série en 6 épisodes – et surtout par le fait qu’il contient 20 ans d’images d’archives inédites filmées par le propre frère d’Orelsan.
Comment Clément Cotentin, son petit frère, a-t-il eu la présence d’esprit de le filmer alors que ce dernier n’était encore qu’Aurélien, veilleur de nuit dans un petit hôtel de Caen? En vérité, comme expliqué dans le doc, son intention première n’était pas de témoigner de l’ascension du rappeur mais simplement d’intégrer la bande de potes de son frère qu’il trouvait trop « cools ». Sa caméra comme prétexte pour côtoyer Skread, le beatmaker, Ablaye, producteur pro du marketing et Gringe, deuxième moitié du groupe Casseurs Flowters. Des personnalités hautes en couleurs qui font de ces petits gars de province quasiment des personnages de fiction auxquels on s’attache très facilement. L’amour que Clément porte à ces artistes en herbe est si puissant qu’il réussit à traverser l’écran pour contaminer le spectateur.
Une ode à l’amitié et à l’entraide qui peut toucher tous les spectateurs bien au-delà de l’appétence pour un genre musical.
Vous l’aurez compris, la vraie star du documentaire ce n’est pas Orelsan lui-même mais bien l’ensemble des personnalités qui gravitent autour de lui. Un entourage fort et solidaire qui est la genèse de son succès. Une ode à l’amitié et à l’entraide qui peut toucher tous les spectateurs bien au-delà de l’appétence pour un genre musical. Sans oublier Clément bien sûr qui fait désormais partie de la bande. Ce dernier est loin d’être un cinéaste amateur puisqu’il a officié en tant que journaliste sportif chez Canal + pendant de nombreuses années. Dans cette aventure, il a été épaulé par Christophe Offenstein qui avait déjà co-réalisé Comment c’est loin avec Orelsan en 2015, film de fiction très largement inspiré de la vie du rappeur. Il s’agit donc bien d’un documentaire professionnel réfléchi et parfaitement construit et non pas d’un simple film de famille monté à la va-vite.
Le découpage est savamment étudié, chaque épisode se terminant sur un effet d’annonce qui nous donne immédiatement envie de visionner le suivant. Tous sont nommés d’après des paroles extraites des chansons d’Orelsan qui illustrent parfaitement leurs contenus. Parmi les épisodes les plus intéressants on peut citer le troisième intitulé « Ce que je raconte dans mes chansons c’est des clichés, c’est pas la vérité » (extrait du titre Peur de l’échec sur l’album Perdu d’avance) qui revient en détail sur la polémique autour de la chanson Sale Pute qui a bien failli stopper net la carrière du chanteur. Le regard bienveillant de son petit frère permet à l’artiste, plutôt introverti, de revenir sans filtre sur les moments les plus « sensibles » de son parcours.
Pas besoin d’être fan d’Orelsan pour apprécier cette docu-série qui traite au final bien plus de l’amitié que du rap. Une plongée dans l’univers de l’artiste qui arrive à point nommé puisqu’elle a suivi l’annonce d’une tournée et précédé celle d’un nouvel album (Civilisation sorti le 19 novembre). Le premier extrait intitulé L’odeur de l’essence met d’ailleurs en scène dans son clip tous les comparses du rappeur à présent connus du grand public. Skread et Orelsan n’avaient donc pas menti en annonçant à la toute fin du sixième épisode « c’est que le début ». Etant donné que Clément a continué à filmer son frère pendant la préparation de ce dernier opus, on est en droit d’espérer une suite à ce documentaire unique en son genre.
RÉALISATEURS : Clément Cotentin, Christophe Offenstein NATIONALITÉ : Française AVEC : Orelsan, Skread, Ablaye, Gringe GENRE : Documentaire musical DURÉE : 6x 42mn DIFFUSEUR : Amazon Prime Vidéo SORTIE LE 15 octobre 2021