Mission Paradis : Intouchables

La thématique du handicap est particulièrement sensible et douloureuse. Traitée sous l’angle du drame, elle s’avère souvent mélodramatique et éprouvante (De Rouille et d’os, Million Dollar Baby), Certains choisissent plutôt l’angle de la comédie pour rendre plus accessibles et compréhensibles les problèmes des handicapés. Ce fut le cas d’Intouchables d’Eric Tolédano et Olivier Nakache ainsi que d’un petit film belge, Hasta la vista, dont Mission Paradis est le remake américain. Or, sur cette thématique plutôt délicate, Richard Wong, surtout connu comme directeur de la photographie, parvient à éviter l’écueil de la sensiblerie, tout comme celui de la gaudriole. Il va même réussir à dévoiler progressivement la dimension humaine de ses personnages.

Scotty, tétraplégique de vingt ans, rappeur amateur, retrouve régulièrement ses amis au centre d’activités pour handicapés physiques, Physalign : Mo, un aveugle qui travaille à l’accueil et Matt qui souffre d’une dégénérescence progressive qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant. Un jour, Scotty récupère l’adresse internet d’un bordel à Montréal, Le Château Paradis, qui propose des services sexuels tarifés aux handicapés. Scotty convainc ses amis, handicapés et vierges comme lui, d’aller à Montréal, à l’insu de leurs parents.

Sur les thématiques plutôt délicate du sexe et du handicap, Richard Wong parvient à éviter l’écueil de la sensiblerie, tout comme celui de la gaudriole.

Etant donné le mélange entre des sujets aussi délicats que le sexe et le handicap, la frontière s’avérait ténue entre ridicule et sensibilité. Richard Wong parvient pourtant à se tenir en équilibre sur cette ligne, sans trop déchoir dans une vulgarité de mauvais aloi. Mission Paradis, (Come as you are) dont le titre original ne doit pas permettre de le confondre avec le film éponyme de Désirée Akhavan, avec Chloë Grace Moretz, finit par gagner progressivement l’assentiment du spectateur par un plaidoyer efficace (même si relativement prévisible) au droit à la différence et à la diversité (les quatre acteurs principaux sont d’origine juive, asiatique, afro-américaine et indienne). Le film, dans sa décontraction faussement cool, évoque surtout au départ le cinéma de Judd Apatow mais Wong finit par pencher vers un désespoir tragique, similaire à celui de Spetters de Verhoeven, en particulier à travers le personnage de Matt, qui fait ressentir de l’intérieur le divorce corps/âme que vivent les handicapés, défavorisés de la vie, désarmés devant le quotidien.

Mais Richard Wong ne s’arrête pas à cette observation plutôt triste et préfère laisser un message d’espoir qui réconfortera tous les publics concernés par cette histoire, handicapés, accompagnants ou pas.

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RÉALISATEUR : Richard Wong
NATIONALITÉ : américain
AVEC : Grant RosenmeyerHayden SzetoRavi Patel
GENRE : Comédie
DURÉE : 1h46
DISTRIBUTEUR : Star Invest Films France
SORTIE LE 2 juin 2021