Minari : Burning

Couronné à Sundance (Prix du jury et prix du public), aux Golden Globes (Meilleur film en langue étrangère), aux BAFTA et aux Oscars 2021 (meilleur second rôle féminin pour l’extraordinaire Yuh Jung-Youn), Minari était un peu attendu comme le Messie en cette rentrée des cinémas post-confinement et célébré comme tel par une partie de la critique. La réalité est peut-être un peu moins exceptionnelle pour ce joli film qui ne démérite pourtant pas, agréable roman familial d’hybridation entre deux cultures, la coréenne et l’américaine, qui s’apprivoisent sans véritablement fusionner.

Minari est en tout cas le signe persistant que, deux ans après le triomphe de Parasite aux Oscars, quelque chose bouge incontestablement en faveur de l’Asie à Hollywood. Après Parasite et Nomadland, les Asiatiques s’emparent véritablement d’Hollywood, le royaume du cinéma américain.

Une famille américaine d’origine sud-coréenne s’installe dans l’Arkansas où le père de famille veut devenir fermier. Son petit garçon devra s’habituer à cette nouvelle vie et à la présence d’une grand-mère coréenne qu’il ne connaissait pas.

Minari est en tout cas le signe persistant que, deux ans après le triomphe de Parasite aux Oscars, quelque chose bouge incontestablement en faveur de l’Asie à Hollywood. Après Parasite et Nomadland, les Asiatiques s’emparent véritablement d’Hollywood, le royaume du cinéma américain. Lee Isaac Chung, réalisateur de Minari, pourrait représenter le symbole de cette invasion, puisqu’il est le produit de cette double culture, son dernier film racontant plus ou moins de manière autobiographique son histoire. Le film est ainsi très touchant dans sa manière de décrire une histoire d’immigrants sud-coréens qui vont essayer de s’approprier une part du grand Rêve Américain. Steven Yeun, (son casting est ici assez ironique par rapport au rôle qu’il tient dans Burning de Lee Chang-Dong), excellent comme à son habitude, interprète donc ce chef de famille qui va tenter de faire fortune en cultivant son petit lopin de terre, sous la pression d’une épouse dubitative et de deux enfants, une fille peu caractérisée et un garçon en proie à des problèmes cardiaques.

Les cadrages du paysage américain sont très beaux, évoquant un Terrence Malick (influence décidément incontournable du cinéma contemporain, présent ici via Dede Gardner et Brad Pitt, les producteurs de The Tree of Life) dépourvu de fulgurances. Car en effet, le filmage s’avère très classique, dépourvu d’aspérités ou d’accélérations, hormis dans le dernier quart d’heure. La vie est un long fleuve tranquille, le rythme est assez étale, quasiment immobile, troublé uniquement par les facéties et les accidents concernant une grand-mère facétieuse, véritable raison d’être du film (qui est dédié à toutes les grand-mères, peut-on lire au générique de fin). Pourtant le film est loin de laisser un souvenir désagréable, à défaut d’être inoubliable. En ressort la description minutieuse d’une famille au quotidien, qui intéresse sans passionner. Il faut craindre que la critique soit allée un peu vite en besogne en célébrant Minari qui vaut essentiellement pour quelques moments comiques et le dernier quart d’heure fourni en événements dramatiques (une très intense dispute d’un couple sur un parking par exemple).

Pour le reste, la phrase de promotion du film, signée par le collègue amical Bong Joon-ho « magnifique et universel« , n’est pas complétement fausse, concernant la thématique du film, ainsi que sa photographie et sa bande-son, ruisselant de bruits naturels, mais pointe par l’identité de son signataire le défaut principal du film, l’absence d’un authentique metteur en scène de génie, tel Bong Joon-ho, aux commandes. Lee Isaac Chung a, quant à lui, plutôt réussi son film autobiographique en honnête artisan du cinéma, mais il ne faudrait peut-être guère lui en demander davantage ni lui tresser des lauriers immerités. « C’est déjà ça « , chanterait Alain Souchon.

3.5

RÉALISATEUR : Lee Isaac Chung 
NATIONALITÉ : américaine, coréenne
AVEC : Steven Yeun, Ye-Ri Han, Alan S. Kim
GENRE : Drame 
DURÉE : 1h56
DISTRIBUTEUR : ARP Sélection
SORTIE LE 23 juin 2021