Mikado : sur la route

Après le succès de Youssef Salem a du succès, Baya Kasmi retrouve Ramzy Bedia pour Mikado, qui sortira en salles en février 2025. La cinéaste part sur les routes, à la rencontre d’une famille marginalisée vivant avec leurs enfants dans un van. À la fois chronique sociale et vision d’une misère inimaginable, le film évoque en filigrane la situation d’une enfance adoptée. Cependant, le scénario ne se hisse pas à la hauteur du sujet.

Mikado et Laetitia vivent avec leurs enfants sur les routes. Quand une panne de moteur les amène à s’installer le temps d’un été chez Vincent, un enseignant qui vit seul avec sa fille. C’est le début d’une parenthèse enchantée qui pourrait aussi bouleverser l’équilibre de toute la famille alors que Nuage, leur fille aînée, se prend à rêver d’une vie normale.

Mikado n’est ni plus ni moins qu’un point de vue désenchanté sur les conséquences de l’adoption et de la marginalisation.

Dans Mikado, un père en procès contre ses parents adoptifs, qu’il accuse de maltraitance, conduit un van qui sillonne les routes provençales, en attendant la séance au tribunal. À ses côtés, sa femme le suit dans une existence plus que modeste et subit une relation d’amour et d’eau fraîche. À l’arrière, les deux enfants suivent sans broncher, dans un confort très relatif et une déscolarisation totale. La petite famille tombe en panne et trouve refuge chez un professeur de collège, dans une grande maison. Dès lors, Baya Kasmi s’aventure dans un sujet tendu et s’efforce d’en rire malgré le drame. L’amertume sociale pointe dans un film qui axe son intrigue sur la rencontre entre deux milieux différents, possédant toutefois un point commun : la perte des repères familiaux. En effet, le problème sous-jacent est celui de Mikado, enfant placé par la DASS dans un foyer peu accueillant, et dont toute la vie a été conditionnée par la maltraitance. Le film tente d’évoquer la mise à l’écart de la société, dénonçant les failles du système d’adoption et ses conséquences directes sur cette famille aux accents bohèmes, qui tente de cacher la misère par une joie simulée. Le film est humain et généreux. Tout repose sur le personnage de Félix Moati, sorte de lion agité dans une cage, prêt à en découdre lors du procès. Néanmoins, l’ensemble met trop de temps à décoller, et Baya Kasmi n’aborde son sujet central que dans les dernières minutes, où tout s’emballe subitement, laissant finalement la frustration de ne pas pouvoir en voir plus.

Bien que les interprètes ne soient pas à blâmer, Patience Munchenbach en tête, la caractérisation des personnages laisse de marbre.

Mikado devient antipathique à force de vociférer dans tous les sens et d’imposer sa domination protectrice sur sa femme et ses enfants. L’homme est bien loin de l’image du père bienveillant et responsable, et son impulsivité permanente le rend plus taciturne qu’aimable. Vimala Pons interprète une compagne qui subit les événements et devient une subalterne n’ayant aucun pouvoir de décision. Patience Munchenbach hérite d’un personnage lunaire, dont l’atypie évidente frôle la caricature. Finalement, aucun protagoniste ne se distingue ni ne possède une caractérisation capable de servir le thème. Disons que Mikado se veut être un Captain Fantastic français au rabais, mais Félix Moati n’est pas Viggo Mortensen, et le récit inachevé laisse sceptique.

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RÉALISATRICE : Baya Kasmi
NATIONALITÉ :  France
GENRE : Comédie dramatique
AVEC : Félix Moati, Vimala Pons, Ramzy Bedia, Patience Munchenbach
DURÉE : 1h34
DISTRIBUTEUR : Memento Distribution 
SORTIE LE 5 février 2025