Mia et moi : Divertissement bête et gentil

Les films dérivés de séries télé pour enfants ont la cote en salle ces derniers temps : alors que la Pat’Patrouille et Demon Slayer – le film signaient chacun de grosses performances au box-office français l’année dernière, et que ce fut de nouveau le cas cette année avec Jujutsu Kaisen 0, le public de ce genre de proposition semble bel et bien au rendez-vous. Qu’ils soient des enfants baignés dans les dessins animés, des adolescents accros à leurs séries japonaises, ou bien des adultes avides de sensations nouvelles, tous répondent présents lorsqu’il s’agit de continuer les aventures de leurs héros préférés sur un grand écran de cinéma.

Ainsi, c’est dans cette même veine que sort en juillet Mia et Moi, l’héroïne de Centopia d’Adam Gunn et Matthias Temmermans, premier film tiré du dessin animé éponyme à succès qui a commencé en 2011.

Dans un monde comme le nôtre, Mia est une jeune fille de 12 ans comme les autres, à un détail près : elle a le pouvoir de se transformer en elfe et de passer le portail d’un monde fantastique, loin du nôtre et de ses banalités. Du jour au lendemain, et recevant des messages de Centopia, Mia accourt et découvre le grand danger qui plane sur ce monde magique. Toxor, une malfaisante bête, menace l’île du Lotus et celles alentour pour mener un sombre dessein.

Comment critiquer un tel film, dont les ambitions semblent être bien loin de celles de n’importe quel autre vrai film de cinéma ? Car si Mia et Moi, l’héroïne de Centopia sort en effet en salle, il n’est ni plus ni moins qu’un épisode filler digne de passer le soir sur Gulli après In Ze Boite. La question à se poser est donc la suivante : quelle est l’ambition d’un tel film ?

Côté narration, le tout paraît très vite vain, devenant très rapidement un concentré de niaiserie indigeste

Faire du cinéma ? Ça n’en a pas l’air et cela serait très étonnant, tant le film porte peu d’idées de mise en scène ou de narration. Son faux mélange entre animation et prise de vue réelle n’est utilisé à aucun moment, ses acteurs au jeu calamiteux sont dignes du casting d’une nouvelle série de Disney Channel et ses autres aspects techniques, comme sa composition de plans ou sa composition musicale, n’offrent pas grand chose à se mettre sous la dent.

Constituer une porte d’entrée à la série d’origine ? Même à ce niveau, le film semble indécis. En effet, il donne peu d’informations sur le contexte déjà exploré, le passé des personnages ou leurs motivations : tout a sûrement déjà été abordé dans la série, à quoi bon se répéter ? Ainsi, le film se déprend de toutes les responsabilités que lui incombe ordinairement son statut de film dérivé, et amorce directement son intrigue en pleine action, sans introduction.

Offrir une aventure magique aux enfants, et rien qu’à eux ? Certes, mais même ici le pari est en piteux état, surtout si on le compare à d’autres films destinés à un jeune public. Comment aimer un tel film lorsque des œuvres comme Calamity, Le Peuple Loup ou encore Icare se sont permis de livrer des spectacles impressionnants tout en ayant quelque chose à apprendre à leur public ? Bien sur, comparé à ces grands et beaux long-métrages, Mia et Moi, l’héroïne de Centopia fait pâle figure.

Même au niveau de son animation, le film a du mal à faire valoir un quelconque intérêt. Ses traits ronds et colorés à souhait rappellent avec labeur ceux de la série Trollhunters de Del Toro, sans jamais réussir à l’égaler. Côté narration, le tout paraît très vite vain, devenant très rapidement un concentré de niaiserie indigeste.

Au final, on se trouve un peu bête à vouloir critiquer un film comme Mia et Moi, l’héroïne de Centopia comme si l’on parlait d’un Park Chan-Wook ou d’un Jane Campion. C’est ce qui explique cette critique pleine de points d’interrogation. Le but de ce long-métrage n’est ni de créer du cadre ou d’exprimer un quelconque discours. Les détails que l’on a tant bien que mal tenté de souligner plus haut sont bien peu de chose pour les enfants qui regarderont ce film.

Ce monde où les licornes arborent des chevelures soyeuses et où on voyage sur des arc-en-ciels au goût de barbe à papa suffira peut-être à contenter les enfants en quête d’enchantement, et comment le leur reprocher ?

1.5

RÉALISATEUR : Adam Gunn et Matthias Temmermans
NATIONALITÉ : Allemagne, Australie
GENRE : Animation
DURÉE : 1h22
DISTRIBUTEUR : Alba Films
SORTIE LE 20 juillet 2022