Mercredi saison 1 : Mercredi Addams à l’école des monstres

Depuis sa sortie le 23 novembre dernier, la série Mercredi truste la première place de l’actualité sériephile. En cumulant 341 millions d’heures de visionnage la semaine de sa sortie, elle réalise le meilleur démarrage de la plateforme Netflix, devançant la saison 4 de Stranger Things et ses 335 millions. En l’espace de quelques jours seulement, certaines séquences de cette première saison sont devenue cultes. La danse macabre de Mercredi Addams, chorégraphiée par son interprète Jenna Ortega (aperçue dans le dernier Scream et dans la série You), est actuellement un challenge très populaire sur les réseaux sociaux, repris en masse par les internautes.

Comme son nom l’indique, la série réalisée par Tim Burton n’est pas une nouvelle adaptation de la bande dessinée culte La Famille Addams mais une version inédite centrée sur le personnage de Mercredi. Dans cette première saison, l’adolescente, qui entretient des rapports conflictuels avec sa mère Morticia (Catherine Zeta-Jones), est envoyée à l’Académie Nevermore pour étudier. Dans cette école dédiée aux monstres en tout genre – vampires, loups-garous, sirènes et gorgones – Mercredi va tenter de résoudre le mystère entourant une série de meurtres perpétrés par une bête, grâce, notamment, à son don de divination.

Véritable ode à la différence, Mercredi incite les adolescents du monde entier à faire corps avec leur propre monstruosité pour mieux appréhender l’entrée dans l’âge adulte.

Dans cette teen-série aux accents gothiques, on évolue dans un univers peuplé de références à la pop culture qui raviront les spectateurs adeptes d’« easter eggs ». En premier lieu, la série rend tout naturellement hommage aux précédentes adaptations de La Famille Addams. On y retrouve notamment Christina Ricci, la Mercredi des années 90, dans le rôle d’une enseignante, la figure des pèlerins présente dans le film Les Valeurs de La Famille Addams sorti en 1993, les roses étêtées de Morticia et le mythique claquement de doigts du générique de la série des années 60. Mais la série célèbre également le cinéma de Burton avec des clins d’oeil à Batman : Le Défi – Mercedi déguisée en Catwoman pour une course de canoë – ou bien encore Sleepy Hollow – la structure d’une maison abandonnée trônant au milieu des bois. D’autres références au cinéma d’horreur/fantastique sont également présentes comme la cour de Nevermore qui rappelle étrangement celle de Poudlard dans la saga Harry Potter ou le bain de sang au bal de fin d’année, identique à celui du film Carrie.

Comme à son habitude, Tim Burton utilise l’univers fantastique pour aborder des thématiques des plus réalistes. Au-delà du crime à élucider, sa série évoque la délicate période de la puberté avec son lot de conflits générationnels, de moments de solitude et de rejet de soi. Addams n’est pas la seule à illustrer cet âge difficile, chaque élève de l’Académie incarne à sa manière une facette de l’adolescence. Pour preuve, le personnage d’Enid (Emma Myers), la colocataire excentrique de Mercredi, qui n’a pas fini sa mue en loup-garou et qui se sent exclue de la meute. Elle finira par s’opposer violemment à sa mère après que cette dernière aura tenté de l’inscrire à un camp de conversion pour loup-garou. Véritable ode à la différence, Mercredi incite les adolescents du monde entier à faire corps avec leur propre monstruosité pour mieux appréhender l’entrée dans l’âge adulte.

Malgré un univers riche ultra-référencé, un humour noir atypique et des personnages attachants, interprétés par de jeunes acteurs prometteurs – Jenna Ortega réussit l’exploit de nous faire oublier la performance de Christina Ricci – la série peine à décoller. La faute à un scénario trop prévisible articulé autour d’un mystère unique et parfaitement transparent. Ce n’est pas pour critiquer les talents d’enquêtrice de Mercredi mais l’affaire aurait pu être résolue beaucoup plus rapidement. Pour les habitués du genre, l’identité de la créature et de son maitre ainsi que leur mobile ne font plus aucun doute dès le milieu de la saison. Si bien que les derniers épisodes se vivent comme une prophétie qui se réalise sous nos yeux, tout sauf ébahis.

Réunir l’univers gothique de la Famille Addams et celui de Tim Burton, on en rêvait, Netflix l’a fait. Dommage que cette filiation naturelle n’ait pas donné naissance à une œuvre plus marquante. Cette première saison, bien que divertissante, nous laisse un peu sur notre faim et c’est tous crocs sortis que nous attendons une saison 2 qui, on l’espère, saura enfin nous rassasier.

3.5

RÉALISATEUR :  Tim Burton 
CRÉATEURS : Alfred Gough, Miles Millar
NATIONALITÉ : Américaine
AVEC : Jenna Ortega, Gwendoline Christie, Emma Myers, Christina Ricci, Hunter Doohan, Percy Hynes White, Victor Dorobantu, Catherine Zeta-Jones, Luis Guzmán, Fred Armisen 
DURÉE : 8x 45-57mn
DIFFUSEUR : Netflix
SORTIE LE 23 novembre 2022