MaXXXine : les yeux de Bette Davis

Remarqué grâce à des films de genre (The House of the Devil, The Innkeepers), Ti West a mis en place depuis le confinement une trilogie horrifique d’envergure, mettant en scène à chaque fois dans le rôle principal Mia Goth, révélée dans le fameux Nymphomaniac de Lars von Trier. Après X en 2022, salué par la critique et le public, puis Pearl, apprécié par Martin Scorsese, sorti en France directement en VOD en 2023 et disponible actuellement sur Netflix, MaXXXine représente donc le dernier volet de cette trilogie de films d’horreur. MaXXXine se signale par une distribution plus prestigieuse, des références constantes à l’univers hollywoodien et un amour incontestable du cinéma, du plus impur au plus noble.

Los Angeles, dans les années 80. Star de films pour adultes et aspirante actrice, Maxine Minx décroche enfin le rôle de ses rêves. Mais alors qu’un mystérieux tueur traque les starlettes d’Hollywood, des indices sanglants menacent de dévoiler le sombre passé de Maxine.

MaXXXine est donc une oeuvre passionnante, à ne pas mettre pourtant sous tous les yeux, qui clôt de belle manière une trilogie de films de genre, où le sexe, l’horreur et la mort s’entremêlent sans pour autant se confondre.

X permettait de se faire croiser deux personnages féminins Maxine et Pearl, de générations différentes, interprétés de façon stupéfiante par la même actrice, Mia Goth. Dans ce slasher relatant un tournage de film X dans une ferme à la fin des années 70, planaient les influences fructueuses de Massacre à la tronçonneuse et de Boogie nights. Pearl revenait tel un prequel sur les origines de la frustration sexuelle du personnage de Pearl. Situé cette fois-ci en 1918, le film se drape dans les oripeaux des mélodrames de Douglas Sirk pour faire comprendre les tourments d’une femme isolée qui rêve de devenir actrice. Enfin dans MaXXXine, on suit les traces, quelques années après X, des premiers pas de Maxine à Hollywood, devant faire face à son passé et réalisant d’une certaine manière les souhaits inassouvis de Pearl.

Ti West a ainsi réalisé une trilogie horrifique où les trois volets, chacun singulier et différent, se répondent l’un l’autre dans une parfaite complémentarité. Chaque spectateur, selon ses goûts et son vécu, voire selon le moment de visionnage, pourra préférer et élire l’un ou l’autre comme son préféré, X comme étant l’origine de la trilogie ou Pearl comme le plus émouvant, par exemple. Néanmoins, MaXXXine, conclusion de la trilogie, a également quelques éléments à faire valoir, non négligeables : cette fois-ci, on quitte définitivement l’environnement rural qui dominait les deux premiers volets, pour les alentours d’Hollywood ; la distribution est spécifiquement plus prestigieuse, des acteurs peu habitués aux films de genre ayant signalé leur intérêt pour cette trilogie, comme Elizabeth Debicki (très classieuse en réalisatrice), Giancarlo Esposito, Lily Collins, Kevin Bacon, Michelle Monaghan, Bobby Cannavale ; la bande-son, très pop-rock et délectable, couvre Gimme all your lovin’ de ZZ Top au générique de début à Bette Davis Eyes de Kim Carnes à la fin.

Tout en traitant plus ou moins les mêmes thèmes (sexualité, puritanisme, horreur, devenir-actrice des jeunes femmes), MaXXXine multiplie les références cinématographiques (la maison de Norman Bates dans Psychose, un split-screen comme dans les De Palma des années 70-80, des actrices de seconde zone qui veulent percer dans l’univers du show-biz, comme dans Showgirls de Verhoeven), jouant avec virtuosité de l’atmosphère et de la reconstitution des années 80 et de l’ambiguïté du mauvais goût attaché aux séries Z de l’époque. On pense parfois aux Jours et nuits de China Blue de Ken Russell pour le caractère indécidable de la psychologie de l’héroïne, entre sainte, tueuse et putain.

MaXXXine est donc une oeuvre passionnante, à ne pas mettre pourtant sous tous les yeux, qui clôt de belle manière une trilogie de films de genre, où le sexe, l’horreur et la mort s’entremêlent sans pour autant se confondre.

3.5

RÉALISATEUR : Ti West 
NATIONALITÉ :  américaine 
GENRE : horreur, épouvante
AVEC : Mia Goth, Elizabeth Debicki, Giancarlo Esposito, Lily Collins, Kevin Bacon, Michelle Monaghan, Bobby Cannavale 
DURÉE : 1h44
DISTRIBUTEUR : Condor Distribution
SORTIE LE 31 juillet 2024