Lula : le président des pauvres

Dans la lignée de Au sud de la frontière où il partait à la rencontre de dirigeants politiques sud-américains, Oliver Stone choisit de faire un portrait de l’emblématique actuel président brésilien Lula, revenu au pouvoir après des accusations de corruption. Ce documentaire retrace le parcours de l’homme, qui répond aux questions du cinéaste américain, un parcours jonché d’échecs, de drames et de prison.

Oliver Stone questionne le leader politique sur son travail, son ascension, sa chute.

L’excès d’engagement politique d’Oliver Stone néglige les actions sociales menées par Lula et qui lui ont permis d’asseoir sa notoriété.

En effet, plus de la moitié de ce documentaire est consacré à cette affaire de corruption, où plusieurs dirigeants ont été impliqués. Oliver Stone insiste sur cela pour étayer son argumentation et sans doute produire une œuvre militante, mais il réduit le parcours politique de Lula à ces simples accusations. Le politicien a tout de même établi des mesures pour diminuer la précarité au Brésil, en créant une allocation sociale, la Bolsa Familia, qui est trop peu évoquée dans cette production. L’importance du programme Fome Zéro (aide alimentaire) et des investissements massifs de 40 milliards d’euros dans le logement puis de plus de 15 milliards dans l’aménagement des favelas est totalement négligée. Oliver Stone préfère parler de la chute de Lula et de sa résurrection, mais donne toutefois une place à Jair Bolsonaro. Le duel entre les deux hommes est au cœur du documentaire, mais évoquer l’ancien président fasciste contribue à minimiser l’influence de son rival. Du coup, l’œuvre est soit un pamphlet anti-Bolsonaro ou un cours de politique brésilienne, mais pas un documentaire sur Lula dont les années militantes dans les syndicats sont clairement peu expliquées.

Lula ne démontre jamais pourquoi le président a pu bénéficier d’une telle popularité, ni comment les Brésiliens ont pu se détourner de lui à une époque.

Alors que les initiatives décidées ont permis de réduire les impacts économiques, Oliver Stone n’argumente pas sur les raisons qui ont précipité la descente de Lula et surtout pourquoi les électeurs ont privilégié l’extrême droite. On se doute que cette affaire de corruption, qui ne se fonde que sur des accusations, a terni son image. Cependant, les élections présidentielles de 2022 ont été gagnées par le Parti des Travailleurs, avec un très faible écart de 1%. Cette courte victoire n’est donc pas un plébiscite, mais encore un signe de manque de confiance. Là encore, le contexte social n’est pas établi, à moins de connaître sur le bout des doigts la situation actuelle du Brésil qui, dans Lula, ne se résume qu’à l’insécurité et à la hausse de la criminalité. À force d’être politiquement trop engagé, Oliver Stone oublie de faire un documentaire informatif, mais fait plutôt de ce président un héros antifasciste qui a entraîné la chute de Bolsonaro il y a deux ans. La figure présidentielle est plus un rempart contre le fascisme qu’un symbole de la politique. Celui qui voulait présider pour les pauvres n’est vraiment pas le sujet de Lula.

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RÉALISATEUR : Oliver Stone, Rob Wilson
NATIONALITÉ :  Etats-Unis
GENRE : Documentaire
AVEC : Lula 
DURÉE : 1h30
DISTRIBUTEUR : 
SORTIE LE